parution 01 juin 2006  éditeur Dargaud  Public ado / adulte  Mots clés Antiquité / Erotique / Historique

Murena T5

La déesse noire

Agrippine oubliée, Poppée règne désormais en coulisse sur le coeur de Néron, orchestre ses actes et devine ses intentions. Le cycle de la mère achevé, celui de l'épouse débute tout aussi terrible et jouissif.


 Murena T5 : La déesse noire (0), bd chez Dargaud de Dufaux, Delaby, Petiqueux
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  • Scénario Yellow Star Yellow Star Yellow Star Grey Star

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  • dessin Yellow Star Yellow Star Yellow Star Yellow Star

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©Dargaud édition 2006

L'histoire :

Printemps 62. Alors que Rome et César pleurent la mort de l’ancien préfet du prétoire, Burrhus, un nouvel astre monte parmi les puissants : si le sage Sénèque demeure influent, la désirable Poppée couche à présent auprès de Néron. Au forum, l’ancienne favorite Acté déambule désormais sans escorte. Ainsi va la faveur impériale, « tant de pouvoirs en une nuit puis au matin plus rien ». Une aubaine cependant pour le rusé Pétrone qui ne manque pas d’inviter la belle à demeurer chez lui. Et sur l’insistance de Lucius Murena, celle-ci cède finalement aux prières des deux jeunes hommes. Le soir venu, l’autre qui décide à présent de l’humeur de Rome, banquette chez la fille du sénateur Sixtius. Poppée est venue admirer la fureur du gladiateur et nouveau favori Massam qui, de fait, trucide son adversaire avant de réclamer pour tout salaire, la chair de l’un des convives afin de nourrir sa panthère. Puis, discrètement, une esclave le conduit en une chambre où l’attend la terrible concubine. Elle lui appartiendra le temps d’une nuit, le temps d’une coupe droguée, le temps de découvrir derrière l’apparence angélique le noir démon qui s’y cache… « Noooooooonnnnn ! » Néron s’éveille en sueur : cette vision de sa mère n’était heureusement qu’un cauchemar…

Ce qu'on en pense sur la planète BD :

Le roi est mort, vive le roi. Un cycle se termine, un autre débute. La terrible Agrippine enterrée, place à la sublime Poppée dont le seul regard foudroie. La femme est une moitié souvent négligée en Histoire. Souvent ne l’évoque-t-on qu’en marge du pouvoir, pernicieuse coupable de la furie des hommes (ex. Hélène, casus belli du conflit troyen : lisez L’Age de Bronze, E. Shanower). Jean Dufaux et Philippe Delaby ont, eux, choisi de lui donner le premier rôle. Rome, maîtresse du bassin méditerranéen, connaît au premier siècle de notre ère une apogée : richesses, splendeurs et décadences. Sous le Haut-Empire se succèdent les Julio-Claudiens : à lire leur biographe Suétone, une galerie de monstres dont César Néron fut l’apothéose. L’écrivain rapporte qu’à sa naissance, son père Domitius répondit aux félicitations de ses amis : « D’Agrippine et de moi, il ne peut naître qu’un monstre fatal au monde » (Vies des Douze Césars, Néron, 6). Vérité posthume. La cupidité conduit au trépas… Incendiaire de sa Ville (en 68), connu pour sa prétendue haine des chrétiens (refusant le culte impérial), peut-être cependant fut-il moins l’acteur que le jouet de divinités cruelles ? Fiction républicaine et théâtralité impériale ? Héritière de la Grèce, la tragédie classique aime ces femmes qui, des coulisses, sondent les tréfonds de l’âme humaine. Fille, mère, épouse ou autre Cassandre, leur beauté marbrée cache souvent un visage plus terrifiant et vrai. A la perfection du trait s’ajoute la splendeur des couleurs. Comme si une irréprochable esthétique devait masquer un sombre pendant. Sur un scénario diablement habile et inventif (quoique scrupuleusement documenté) construit autour du personnage fictif de Murena, les auteurs tissent une intrigue aussi noire que divine. Les héros malheureux du précédent quadryptique rejouant, certains s’effacent quand d’autres s’affirment pour prendre ainsi une nouvelle consistance. Cette peinture magnifique de la folie humaine est bien LA série référence du 9e art romain. Un homme recherche souvent en son épouse, les qualités (et vices) maternelles. La reine est morte, vive la reine !

voir la fiche officielle ISBN 9782871297628