L'histoire :
Romane vient d'arriver au Brésil pour y retrouver les dauphins et utiliser sa capacité d'entrer en communication avec eux. Elle doit évoquer cet étrange phénomène qui a vu des cétacés équipés d'armes attaquer des bateaux de pêche et des structures portuaires partout dans le monde. Pendant ce temps, Brahim et Krüger vont continuer de creuser la piste au Mozambique, pays où semblent se concentrer les récentes attaques. Ils constatent d'ailleurs que déjà les attentats perpétrés ont réussi à perturber l'économie du pays, et découvrent avec horreur dans un conteneur du port de Maputo le cadavre d'un habitant de la capitale qui devait leur servir d'indicateur. Romane retrouve Elisa, la petite sirène Océane et Delphis avec qui elle partage les informations sur les derniers évènements. Pendant ce temps, à Rio, Paul Darrington, qui dirige désormais Algapower depuis la mort de son père, constate que sa belle-mère a construit une collaboration stratégique avec la White Army, le groupe de suprématistes blancs qui veulent reprendre le pouvoir. Grâce à une très belle jeune femme qui le séduit au premier coup d'œil, il va néanmoins accepter de s'intéresser de plus près aux projets réalisés par Algapower, à son insu. De son côté, Brahim va survoler en avion la zone devenue glacée du territoire mozambicain, et faire une étrange découverte...
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Les deux tomes de Mutations sont un prolongement de Mermaid Project, une série écolo-futuriste co-scénarisée par Leo et Corinne Jamar, s'appuyant sur la personnalité très sympathique de Romane Pennac, très jeune femme qui devient une sorte d'agent secret. Le thème et les personnages semblent construits sur mesure pour un public pré-adolescent, une sensation bien davantage présente dans ces deux albums que dans la série initiale. Les auteurs poursuivent sur le thème de la société multinationale sans scrupule, avec cette fois-ci un complot mondial qui vise à restaurer la suprématie de la race blanche. L'intrigue parfois un peu naïve brasse de nombreux thèmes sans trop se soucier de les poser dans un contexte très réaliste. Elle utilise de grands classiques du récit d'aventure-fiction, avec notamment une base secrète sous-marine comme on n'en fait plus. Rien de super-original, finalement, sauf que le dessinateur de cette série s'appelle Fred Simon, et qu'il justifie à lui seul la lecture de cet album. La file d'attente à l'arrivée de Romane à l'aéroport, les passants sur les trottoirs en bord de mer, une multitude de détails discrets mais toujours présents, donnent à chaque séquence de cette aventure une profondeur incroyable. Quand la belle et perfide Sarah enlève sa perruque et ses lunettes noires, on devine tout, en quelques traits seulement, et on ouvre des yeux ébahis comme le pauvre Paul Darrington. Simon est un créateur d'ambiances et de moments forts hors pair, dont le talent rappelle souvent les plus grands noms de la bande-dessinée classique. Le résultat est un très bon album grand-public dans lequel il faut se laisser prendre avec un peu de bonne volonté et de bienveillance enfantine. Et qui, malgré le mot fin en dernière page, semble poser les bases d'un futur diptyque possible.