L'histoire :
Myrkos est l’un des élèves les plus brillants de la prestigieuse Scola Impériale des arts, où il suit des études pour devenir « ornemaniste » (dessinateur de fresques). Son talent est tel qu’il est quasiment certain de terminer excellor de sa session. Unanimes sur son savoir-faire, ses maîtres lui reprochent toutefois son impertinence et un certain penchant à s’affranchir des conventions. En effet, si Myrkos excelle dans l’art qui lui est enseigné, son esprit l’incite à trouver de nouvelles voies de représentations picturales. Or la société ne saurait tolérer une remise en question des traditions héritées des ancêtres. Myrkos s’échappe la nuit de sa chambrée, pour s’enfoncer dans les bas quartiers de la ville. Là, réfugié chez une amie prostituée, il l’utilise comme modèle pour s’entraîner à dessiner des nus. Ces échappées nocturnes lui réservent d’ailleurs parfois quelques aventures périlleuses, notamment lorsque le régulier de cette dernière met la main sur ses esquisses…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Cette nouvelle série est annoncée comme appartenant à un genre nouveau : l’ « antic-fantasy », à mi chemin entre antiquité et fantastique. A priori, on pouvait craindre une énième resucée d’heroïc-fantasy, telles qu’il en fleurit tout le temps dans la BD. Cependant, ce premier épisode de Jean-Charles Kraehn (Tramp, Gil St André...) s’avère être une excellente surprise. Le dessin est assumé par un jeune dessinateur brésilien persévérant, à en croire la préface de son compatriote Léo, des plus flatteuses. L’univers imaginé par ce duo prometteur apporte réellement quelque chose de neuf. La fraîcheur et la cohérence qui s’en dégagent prouvent la réelle maîtrise du sujet. Les recherches que celui-ci a du nécessiter en amont ont d’ailleurs du être fort nombreuses. A travers les aspects religieux, politiques, artistiques et sociaux particulièrement cohérents, Kraehn ne se contente pas de concocter un univers très crédible. Il donne également à son héros des motivations originales. En totale rupture avec les traditions, Myrkos se bat contre sa hiérarchie pour rechercher de nouvelles techniques de représentations picturales. Cette révolution artistique n’est pas sans rappeler celle de la Renaissance, lors des premières représentations de perspectives et de profondeurs de champs (Raphaël, Michel Ange). Le sujet de cette « quête » touche donc l’art au sens premier du terme. Abordé à travers une BD, ce premier tome s’avère donc également une mise en abîme brillante et captivante.