L'histoire :
Myrkos, étudiant à la prestigieuse Scola Imperiale, une école d’art ornemental très rigoriste, a outragé toutes les traditions. En effet, en dépit de la formelle interdiction de ses maîtres, il a persisté dans ses recherches taboues autour du dessin en profondeur. Pire encore : il est maintenant établi qu’il a dessiné des prostituées, nues, en perspective. Arrêté en flagrant délit, il est emprisonné dans une cage suspendue et attend son châtiment : le fatal supplice du Té. Heureusement, la jeune Taelia lui vient en aide en lui faisant parvenir par l’intermédiaire de sa chouette adoptive, une potion de ronge-métal. Aussitôt, Myrkos s’évade. Il ignore qu’au même moment, en sens inverse, son ami Dhellou conduit le brigand Pyrtax par les égouts jusqu’à sa cage. En effet, Pyrtax veut délivrer Myrkos, dans l’optique d’exploiter son don unique pour le dessin, à des fins mercantiles. Découvrant la cage vide, Pyrtax laisse Dhellou pour mort et retrouve Myrkos en ville. Ligoté au pied du mur, Myrkos n’a d’autres choix que d’accepter un marché : il dessine pour Pyrtax et en échange, ce dernier l’aide ensuite à retrouver son frère, lui aussi en passe d'être en mauvaise posture. Rageur de ne pas avoir le dernier mot, Pyrtax accepte tout de même…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Chaque épisode de Myrkos se déguste avec une délectation toute particulière. Il faut reconnaître à cette série un nombre de qualités relativement impressionnant, aboutissant logiquement sur un moment de plaisir attendu et à chaque fois renouvelé. En effet, non content d’avoir inventé un genre nouveau, l’antic-fantasy (une antiquité qui paraît familière, à cela près qu’elle est ponctuée de bizarreries « fantasystes »), le scénariste Jean-Charles Kraehn orchestre une aventure palpitante et brillante, avec une approche grand public, dans un univers qui reste parfaitement cohérent. Vif et intelligent, curieux et impertinent, son héros Myrkos subit tout d’abord ses propres travers, ce qui donne lieu à des rebondissements riches en action. Kraehn parvient en outre à glisser cette fois quelques brins d’humour bienvenus (la distribution de baffes par Pyrtax, les postures incongrues des modèles…). Or, les découvertes picturales que Myrkos discerne remettent en cause l’art officiel, ce qui déclenche un cataclysme politique et spirituel. En ce sens, l’aventure se double d’une réflexion sur la démarche transgressive, vecteur d’évolution sociologique. Ce sujet en question – l’innovation du dessin en perspective – est alors logiquement mis en abyme par Miguel qui utilise lui-même cette technique, aujourd’hui banalisée (rappelons qu’elle ne date que de notre Renaissance). Les progrès du dessinateur brésilien sont flagrants, notamment lors des séquences extérieures (le final, décoiffant !). Sous ses atours classiques, cette série est donc subtile, novatrice et captivante, à recommander chaudement !