L'histoire :
- Egérie : Dans la mythologie grecque, Egérie est considérée comme la déesse des femmes, c'est une nymphe. La légende raconte qu'elle fut la maîtresse d'un célèbre roi de Rome, et que, lors de leurs rencontres, elle lui glissait à l'oreille des idées brillantes, révolutionnaires, et de multiples conseils, que le roi s'empressait d'énoncer le lendemain en s'en attribuant les mérites. A la mort du roi, Egérie est inconsolable, et elle est transformée en source. Cette légende, des siècles plus tard, est reprise par Balzac, et le nom d'Egérie devient un synonyme du mot muse. Cette définition est toujours d'actualité, et sous-entend que les femmes seraient des inspiratrices de l'ombre, qui permettent aux hommes de briller en société.
- La Schtroumpfette : Le personnage de la Schtroumpfette apparaît pour la première fois en 1967, dans un univers composé de protagonistes exclusivement masculins. Elle est créée par le grand sorcier Gargamel, à partir d'ingrédients véhiculant de nombreux clichés sexistes. Son apparence première n'est pas celle que nous connaissons aujourd'hui. A l'origine, elle est brune, sans talons ni maquillée. Mais face aux nombreux reproches sur son apparence, elle se rend chez le Grand Schtroumpf pour « régler » ce petit problème... et devenir l'héroïne que l'on connaît tous. Dans ce processus, la Schtroumpfette n'est façonnée que par des hommes, selon leur propre vision de la beauté, la réduisant à n'exister qu'à travers leurs regards.
- Mais aussi : Mulan, Lady MacBeth, Ellie, Anne Frank, Les Valkyries, Circé, la Parisienne, Trinity, la Malinche, la Belle et la Bête, les Ménades, Poison Ivy, Chang'e, Barbie, Atalante, Sainte Soline, Esmeralda, Daenerys Targaryen...
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Dans ce deuxième volet de Mythes et meufs, Blanche Sabbah propose les planches prépubliées en ligne dans la revue digitale Mâtin !. Elle réutilise le même principe que dans le premier tome. Elle analyse des figures féminines historiques, mythologiques, littéraires, mais elle ajoute cette fois-ci, des héroïnes issues de la pop culture. Elle questionne leur place dans nos imaginaires, les stéréotypes que ces héroïnes véhiculent, et ouvre de nouvelles pistes de réflexion, une nouvelle voie possible. Blanche Sabbah focalise sur 21 femmes, en s'appuyant sur le même canevas : une page qui annonce la femme en question, une double page avec des gaufriers de quatre cases, une page d'ouverture vers une œuvre assimilée au sujet, et une page d'analyses. On sent que le format est adapté à Instagram, au numérique. On retrouve les 10 vignettes qui peuvent être postées sur le réseau social, un dessin efficace, et des textes et dialogues qui vont à l'essentiel. Ce qui est très bien, puisque le lecteur peut ainsi découvrir un grand nombre d'héroïnes en peu de temps, et s'interroger sur les questions sous-jacentes à chacune. Le lecteur garde ses repères, puisque l'autrice reprend des héroïnes célèbres (la Schtroumpfette, Mulan, Poison Ivy) et ouvre aussi d'autres perspectives avec des femmes peut-être moins connues du grand public (la Malinche, Chang'e, Sainte Soline). Le seul petit reproche qui peut être fait à cette version papier par rapport à l'adaptation numérique, c'est la police d'écriture, parfois trop petite et pas assez lisible. Avec intelligence, Blanche Sabbah réhabilite des femmes qui auraient mérité d'être plus célèbres selon leurs mérites, en revisitant de façon accessible et plus égalitaire, ces icônes qui modèlent nos esprits.