L'histoire :
Le jour où elle a choisi ce pseudo d’emprunt et où elle a tiré un trait sur sa vie passée, Naja est devenue tueuse professionnelle. Froide, fulgurante, surentraînée, en un mot : efficace. Elle est la numéro Trois dans l’« organisation », aux ordres du mystérieux numéro Zéro. Zéro est le patron idéal : il prévoit tout et facilite au maximum la tâche et la concentration de ses tueurs. Aujourd’hui, elle est à Paris pour un nouveau contrat. Naja déteste les français, trop arrogants. Un taxi, une galerie d’art… Elle repère sa cible, s’en approche et sans le moindre scrupule, lui tire une balle entre les deux yeux. Avant même que le corps ne touche le sol, Naja a pris la tangente, en passant notamment à travers une vitre. Peu importent les dizaines de petites coupures sur son corps : Naja ne ressent pas la douleur. Aucune, de quelque sorte que ce soit ! Les médecins se sont penchés sur ce mystère incompréhensible, sans parvenir à en percer la raison. Elle rentre ensuite chez elle, en Islande, terre de tous les contrastes, son pays d’adoption. Pourtant, Naja déteste les islandais, trop renfermés. C’est chez elle, à son réveil qu’« il » la surprend. En deux secondes, il l’a immobilisée et humiliée. Naja aime ça… Néanmoins, « il » lui apprend que Zéro a décidé de se débarrasser d’elle, en accordant au numéro Un, un contrat sur elle…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
La mise en place de cette nouvelle série d’anticipation policière prévue en 5 tomes emprunte résolument un ton narratif descriptif. Quasiment tout au long de ce premier épisode, une voix off froide et détachée nous présente les caractéristiques mentales et physiques d’une tueuse professionnelle qui n’a pas grand-chose à envier à son confrère Tueur (de Jacamon et Matz). Même manque total de scrupule, même efficacité derrière la gâchette. Néanmoins, l’intrigue se distingue dans ses développements et, surtout, fait appel à un détail d’importance typiquement morvanesque : Naja ne ressent pas la douleur. Le personnage est suffisamment complexe pour focaliser dans ce premier tome tous les égards de l’incontournable scénariste Jean-David Morvan, en pleine forme (si vous ne savez pas qui c’est, on ne peut plus grand-chose pour vous). Etanchéité à la douleur, mécanismes psychologiques subtils, jouissance dans la domination et l’humiliation… A travers ce « portrait de tueuse », Morvan aborde des sujets pas franchement évidents, avec pondération. Au dessin, on retrouve le collègue Bengal, avec qui JDM a déjà livré Méka et T.O.O. Le dessinateur livre des planches sur le même style graphique dynamique que ces dernières séries, se permettant à nouveau quelques cadrages alambiqués, parfois volontairement peu « lisibles » (que se passe t-il, exactement, dans l’avion p.14 ?). Notamment, la gestion des séquences d’action, hachurées et « jetées », fait penser aux caméras-épaule si chères au genre, dans le 7e art actuel. Une mise en bouche piquante et prometteuse…