L'histoire :
Au terme d’une heure de peinture sur toile en son atelier, un vieux peintre s’irrite et n’a plus le courage de poursuivre l’exercice. Il propose à son modèle nu, une élégante jeune femme, de rentrer chez elle, alors même qu’il l’a déjà payée 3 heures. La jeune femme rousse veut comprendre. Le peintre explique : cela fait 40 ans que son ami, le talentueux peintre Vidal Balaguer, a disparu sans explication. Aidé par une bonne bouteille de malaga, le vieux se met donc à raconter sa jeunesse. A la fin du XIXème siècle, il faisait partie d’une bande d’artistes prometteurs, aptes à révolutionner la peinture. Parmi eux, Vidal Balaguer était toujours sans le sou, acculé de dettes. Il devait 9 semaines de retard à sa femme de ménage et 5000 pesetas à son propriétaire. Cependant, il refusait la plupart du temps de vendre ses plus belles toiles, trop attaché à ce qu’elles représentaient. Il pâtissait aussi depuis quelques temps de phénomènes étranges. En effet, les modèles des natures mortes qu’il était en train de représenter, avait mystérieusement disparu. Des oranges, un morceau de fromage, de la charcuterie… Qui était le voleur ? L’affaire s’était corsée lorsqu’un policier était venu chez lui pour l’accuser du meurtre de Mar Monzo, la jeune femme dont il venait de finir le portrait. Balaguer avait commencé à comprendre l’impossible… Ses œuvres étaient-elles coupables de faire réellement disparaître leurs modèles ?
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Stephen King avait imaginé la voiture qui tue (Christine)… Zidrou et Oriol inventent, eux, la peinture qui fait disparaître ses modèles ! Pour problématique centrale de ce one-shot, en effet, lorsque le héros peintre représente une nature morte (des oranges, du fromage ou… une femme nue), ce modèle disparaît corps et bien. Sans jamais réapparaître. Est-ce le réalisme de l’œuvre qui est coupable ? L’attachement que porte le peintre à son travail ? Le rapport entre l’artiste et sa création est au cœur de l’intrigue, en un développement aussi astucieux qu’inédit. Réalisé dans une technique en couleurs directes qui rappelle la peinture à l’huile, par un Oriol décidément toujours brillantissime, cette histoire fait une habile mise en abyme au principe de représentation. Il accorde en sus un sens nouveau au terme de « Nature morte ». En marge de la représentation coupable représentée, le duo livre donc tout à la fois la peinture sociale d’une époque artistique foisonnante, et un fond de polar fantastique admirablement accrocheur. En annexe, Zidrou et Oriol vont même jusqu’à insister sur l’authenticité de ce peintre maudit, Vidal Balaguer, à travers un dossier spécial. Alors qu’il n’a, en réalité, jamais existé. A moins que sa mémoire ait été effacée…