L'histoire :
1928, Louisiane. Grâce au trafic d’alcool, tout sourit à Gordon Devries. Ses affaires tournent, il a la mainmise sur la Nouvelle-Orléans, la police locale ferme les yeux sur ses combines… Pourtant, un jour, un grain de sable vient gripper la machine bien huilée : un de ses convois est attaqué par un gang rival, la bande de Viper. Et quand la police accompagnée de Devries se rend sur les lieux de l’attaque, elle découvre avec stupéfaction qu’il n’y a pas que du bourbon dans les caisses, il y a également des cadavres. Plus tard, Devries reçoit la visite de Lindsay, qui semble plus appartenir au monde des morts que des vivants. Il le somme de détruire l’urne funéraire que Devries a dérobée au beau milieu des cadavres. Elle contiendrait les cendres d’un homme venu des ténèbres… Pour couronner le tout, le fantôme de son ex-femme Brooke, décédée sous les balles, vient le hanter. Au même moment, son fils, Jeff, se fait pincer avec une voiture volée et se retrouve derrière les barreaux au commissariat central. Décidément, rien ne va plus dans le monde de Gordon Devries…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Le fantastique et le polar noir sont deux genres a priori très éloignés. Réussir le tour de force de les concilier pour en faire une histoire qui tienne debout est un pari qui s’avérait risqué. C’était sans compter sur le talent de deux auteurs, Fabien Nury (W.E.S.T., Je suis une légion, Il était une fois en France, Le Maître de Benson Gate…) et Jack Manini (scénariste et coloriste pour La loi du Kanun, dessinateur pour Estelle…). D’emblée, on est séduit par la couverture réalisée à la gouache (ouf ! finies les couv’ faites à l’ordinateur), représentant une femme particulièrement inquiétante, perforée de deux trous sanguinolents. La suite est un pur bonheur : les planches sont caviardées « d’incrusts » permettant une meilleure compréhension de l’histoire dans ses moindres détails. Son trait ciselé, ses couleurs choisies, tirant vers le bleu pour les scènes de nuit et vers le jaune-orangé, donnent du relief à l’intrigue et densifient cette atmosphère pesante et moite, propre au pays cajun. Quel sera le destin de Gordon Devries (qui fait penser à Joe Pesci dans les Affranchis, un calme capable de péter un câble à tout moment) ? Comment son fils se détachera de l’autorité paternelle ? Que contient cette fameuse urne ? Autant de questions qui trouveront leurs réponses en janvier 2009. Dur d’attendre aussi longtemps…