L'histoire :
Johnny Hubbel se souvient évidemment de ses 9 ans. Lui et sa mère étaient parmi la foule d’un pas de tir d’une fusée dans laquelle se trouvait son papa, astronaute. La mission partait pour Titan, l’une des lunes de Saturne. Mais à la stupéfaction générale, la fusée avait soudain explosé moins d’une minute après avoir décollé. Johnny avait assisté à la mort instantanée et spectaculaire de son papa. A 19 ans, il suit des études poussées à l’US Air Force Academy, dans le Colorado, et il choisit le cursus qui le mènera au terme de son doctorat au métier… d’astronaute. Il est un élève brillant, largement le plus doué de tous. Il a toujours les bonnes intuitions, des réflexes d’une maturité folle et en prime, il décèle de manière quasi surnaturelles, comme des précognitions, des choses du futur proche ou cachées. Sa copine de l’époque, Astrid, est la fille la plus sexy du campus… Or elle et Johnny viennent d’échapper à un terrible accident de voiture avec un camion sur une route de montagne, de nuit. Dans un rêve récurrent et particulièrement prégnant, il voit Astrid morte et lui responsable. Johnny aurait-il déjà vécu cette scène, qui aurait eu une autre issue parallèle et morbide ? Il semble cacher un sacré secret. En marge de celui-ci, l’objectif du programme de la Nasa qu’il suit est l’exploration de la planète « Neuf », une planète cachée dont l’existence probable expliquerait tout le modèle de déplacement des corps célestes au sein du système solaire…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Cette histoire de conquête spatiale située dans un futur proche (mais non daté), à la recherche de la planète cachée « Neuf » au sein du système solaire, se double d’une dimension métaphysique très intrigante. Le scénariste Philippe Pelaez brouille les pistes tout en nous présentant son pur héros par séquences légèrement désordonnées, quoique chronologiques – les chapitres découpent le récit par tranches d’âges se terminant tous par un 9. Johnny Hubbel est beau, courageux, d’une intelligence rare, attentionné avec son amoureuse et doué d’une sorte de sixième sens pour déceler les choses cachées ou à venir. On comprend assez rapidement que ce phénomène est lié aux voyages dans le temps et au multivers… mais Pelaez sait rester ambigüe sur la mécanique globale de la chose, afin de tenir à distance le fameux paradoxe du grand-père (décrit par Barjavel dans Le voyageur imprudent). On se laisse néanmoins agréablement mener en bateau à travers la quête initiatique de ce héros attachant, qui tente de réparer les erreurs du passé tout en se plaçant à la pointe d’une exploration majeure de la cosmologie. C’est d’autant plus agréable que le dessin encré réaliste de Guénaël Grabowski est certes classique dans son registre, mais livré avec soin au sein d’un découpage dynamique et de décors variés et minutieux.