L'histoire :
Teresa a tout d’une sorcière. Elle est la gérante d’une librairie gothique dans une ville frappée par de nombreuses disparitions de femmes qui restent inexpliquée. Outre son accoutrement de circonstance et sa longue chevelure noire cachée sous son long chapeau pointu, la femme atypique apparaît un peu rebelle, très maladroite mais attachante tout de même. Un soir, pressée de fermer sa boutique non sans avoir gentiment éconduit Matilde une de ses plus fidèles clientes, Teresa se rend avec son livre au milieu des arbres d’une forêt sombre pour y installer tout son cérémonial nécessaire à l’énonciation de ses difficiles incantations. C’est alors que surgit de nulle part une démone au nom tout aussi imprononçable qu’illisible, que Teresa nommera finalement Laura. Au fil de leur rencontre improbable, Teresa, Laura et Matilde vont apprendre à se connaître au cours d’une cohabitation qui devra emmener notre pseudo-sorcière bien aimée vers la réalisation de l’unique vœu qu’elle peut formuler mais qu’elle ne parvient pas à identifier. C’est dans ce contexte aussi imaginaire que farfelu que les trois demoiselles vont essayer de se positionner à travers un questionnement existentiel sur la nature humaine.
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
La qualité du dessin est primordiale dans un roman graphique. Et Borja Gonzalez, un temps adoubé par Juan Diaz Canales, est un maître du genre. A l’instar de sa précédente publication The Black Holes sortie il y a plus de 2 ans déjà, le dessinateur espagnol continue de privilégier des personnages aux visages neutres, sans yeux, nez ou bouche, laissant le lecteur deviner, lui-même, leur expression dans l’instant. Dans Nuit Couleur Larme, le dessinateur continue à revendiquer sa culture punk. Il s’amuse aussi à forcer le trait d’esprit de ses anti-héros avec quelques étoiles ou dessins collatéraux ; poursuivant ainsi la trame qu’il a imposée dans sa précédente bande dessinée. Mais cela se fait, encore, au détriment d’un scénario trop décousu. Certes, le roman graphique est agréable à regarder, même si les couleurs sombres restent de mise et le découpage des cases est lent et irrégulier. Mais l’histoire manque cruellement de fond et laisse le lecteur sur sa faim. Car même si au bout des 144 pages, l’ouvrage interroge sur l’amitié et les relations humaines en général, elle laisse le lecteur beaucoup trop désemparé quand il est l’heure de conclure ce roman ; ne sachant finalement pas si la fiction amenée tout au long de ce livre va servir une cause ou juste aider à planter un décor aussi occulte que l’est finalement le scénario de cette histoire.