L'histoire :
Octobre 1977. Tournage du film Mort sur Le Nil, qui sortira sur les écrans en 1978. Hercule Poirot (Peter Ustinov) partage un cocktail avec le colonel Race (David Niven). John Guillermin, le réalisateur, satisfait de la scène jouée par les deux acteurs, lance le fameux : « Coupez ! » Les deux amis prennent une collation bien méritée sous le soleil de plomb égyptien et observent la caractérielle Bette Davis qui se plaint de son thé. Mais au fait, depuis quand sont-ils amis ? Depuis Copperhead…
Gare de Londres, 1943. Un dénommé Karlinski est poursuivi par la police britannique. Il parvient à leur échapper, laissant derrière lui un parapluie cachant un message codé de chiffres. Pendant ce temps, dans un cinéma, David Niven, revenu d’Hollywood, harangue des spectatrices dans le cadre d’une campagne de recrutement de volontaires pour l’armée féminine : le Women’s Royal Army Corps. Alors qu’il se repose dans sa loge, Dudley Clarke l’appelle pour lui communiquer une demande de Churchill. David Niven doit préparer un film de propagande pour l’armée. Pendant ce temps, Peter Ustinov s’entraîne pour l’armée britannique. De la bouche de son major, il apprend sa demande d’affectation au service cinématographique des armées. Les deux hommes ne savent pas encore qu’on va leur faire une proposition des plus bizarres, pour une opération baptisée « Copperhead »...
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Initialement publié en septembre 2017, cette incroyable aventure d'espionnage est aujourd'hui rééditée au format poche (à moins cher), au sein d'une nouvelle collection de Dargaud réunissant des ouvrages très divers. L'intro indique : « Dans les pages qui suivent, tout n’est pas entièrement vrai, mais tout n’est pas entièrement faux ». En s’inspirant librement des biographies de David Niven, de Peter Ustinov et de Clinton James, Jean Harambat nous embarque dans une authentique aventure d’OVNI digne d’un film d’espionnage en mode burlesque, avec une pointe d’humour so british. Cette opération, qui marque le début d’une longue et durable amitié entre les deux acteurs, est longtemps restée comme un épisode méconnu de la seconde guerre mondiale. Si loin, mais aussi, si proche du cinéma hollywoodien, leur mission est simple mais ardue : coacher un sosie du Général Montgomery pour duper l’ennemi allemand, en faisant croire à l’imminence d’un débarquement via l’Afrique du Nord. Au-delà de la narration enlevée et pleine de fantaisie, l’auteur d’Ulysse : les chants du retour joue la carte de l’originalité dans la forme. Il entrecoupe son récit dessiné de lettres, de citations ou de documents originaux. Cet effet stylistique donne un rythme soutenu à l’histoire. Cette dynamique se retrouve dans le wording avec des jeux de mots élégants : « Je ne parlerai qu’en présence de ma vodka, Les Brahms m’en tombent… ». Son trait tout en finesse agrémenté de couleurs douces éclaire les textes en lui donnant une dimension non-sensique. Un bel album qui comptera dans la jeune carrière du jeune auteur natif du Sud-Ouest.