L'histoire :
Un jeune homme se présente en retard pour un engagement d'un soir en serveur d'appoint d'une prestigieuse soirée. Il est rapidement chargé d'un plateau de coupes de champagne et se dirige vers la grande salle. Mais lorsqu'il approche d'un des invités les plus marquants, il l'abat de plusieurs balles à bout portant. Incrédule, incapable de comprendre ce qui lui est arrivé, l'assassin est neutralisé par la police. Quelques semaines plus tard, sa fiancée Orfea lui rend visite en prison. Mais le gardien découvre que le prisonnier s'est pendu dans sa cellule. A distance, un homme mystérieux ressent ce qui vient de se passer. Il voit littéralement la jeune femme face à l'homme qui s'est donné la mort, et perçoit qu'elle n'est pas une simple femme. Il reconnait en elle une menace évidente contre ses plans. Il envoie alors, pour la tuer, un groupe de créatures à l'apparence humaine, qui vont l'approcher dans les rues de Turin. Alors qu'elle est maintenue au sol par trois hommes dont les visages se transforment en véritables monstruosités, un inconnu surgit du coin de la rue et les interpelle. C'est un vieillard appuyé sur une canne, qui se transforme en jeune homme muni d'une épée tranchante. Le baron samedi, décapiteur de cornus, sauve Orféa et se présente à elle. C'est le début d'une bataille sans merci qui verra la jeune femme découvrir ses origines, affronter les démons des cercles intermédiaires, et tenter de comprendre la folie qui a conduit son fiancé à la mort.
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Ce gros one shot de plus de 150 pages est un vaste parcours à travers une galerie de portraits monstrueux, que l'héroïne va trouver sur une sorte de chemin initiatique. François Corteggiani ne livre pas ici son scénario le plus inoubliable, proposant une succession d'affrontements entre des créatures monstrueuses, et de courageux héros aux pouvoirs spectaculaires. Sur un ton légèrement humoristique et des dialogues de série B assumés, il enchaîne sans surprise des explications pas vraiment nécessaires. Le sens final de l'intrigue est révélé très tard, tout en ne justifiant pas rétroactivement le déroulement de son récit. Orféa est donc une suite de scènes d'action nimbées de mystère, joliment mise en images avec force effets d'ombres par Emanuele Barison. L'album prend parfois une tournure grand-guignolesque qui dessert son propos, tout comme certains échanges improbables entre les protagonistes génèrent un décalage qui semble involontaire. Entre la volonté de développer une histoire au mystère diabolique, et l'étrange choix d'alléger le propos pour faire respirer le lecteur, les auteurs n'atteignent aucun des buts recherchés. Orféa devient alors l'histoire linéaire d'un affrontement entre le bien et le mal, qui vaut essentiellement pour son ambiance visuelle réussie.
