L'histoire :
Patrick Comasson, surnommé Paco, est un ancien instituteur injustement accusé de meurtre et condamné à la perpétuité en Guyane. Alors qu’il frôle la guillotine, il se retrouve embarqué sur un bateau qui le mène vers sa nouvelle destinée, un bagne d’où il est presque impossible de s’échapper. L’atmosphère est lourde, une discipline de fer règne entre les prisonniers, et bien que le silence soit de mise, certains brisent la règle pour lancer des adieux déchirants à la France. Paco, quant à lui, recherche désespérément sa fiancée parmi la foule, sans la retrouver. Le voyage se transforme rapidement en un calvaire psychologique, où certains, effrayés, pleurent comme des enfants, tandis que d’autres se comportent en caïds, imposant leur autorité sur les plus faibles. Très vite, une hiérarchie s’installe entre les prisonniers : les durs sont respectés, les plus fragiles sont méprisés. Paco, pour éviter d’être écrasé, se rapproche de l’un de ces hommes, Armand, surnommé la Bouzille, un tatoueur redouté et respecté, pour se faire marquer d’un symbole : la mort tenant la faucheuse, souvenir amer de son frôlement avec la mort. Une fois arrivé en Guyane, Paco est étonné par la beauté du paysage, un contraste saisissant avec l’enfer qu’il va devoir affronter. Ce décor paradisiaque cache un monde de souffrance, de luttes et de survie, où Paco devra se faire une place, dans un milieu aussi implacable que l’injustice qui l’a mené ici.
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
L’intégrale Paco, les mains rouges est un voyage sans retour dans l’enfer du bagne de Guyane. Fabien Velhmann, soutenu par le trait d’Eric Sagot, nous plonge dans une réalité implacable où l’humanité se perd dans les conditions inhumaines des forçats. En suivant le parcours de Paco, un ancien instituteur condamné pour meurtre, le lecteur découvre un monde où la violence, l’abandon et la dégradation sont omniprésents. Véritable récit de survie, le livre n’évite aucun détail sordide, mais se garde de sombrer dans le pathos. Paco, tout en racontant son calvaire à travers une voix narrative amère et poignante, subit une transformation physique et morale. Le tatouage, symbolique et nécessaire, devient l’un des moteurs de son quotidien, une tentative de préserver son identité dans ce chaos. En préambule de cet album, un texte de Frank Sénateur, président de l’association d’histoire pénitentiaire Fatalitas, nous éclaire sur l’histoire de Paco, qui aurait pu être, quelque part, Papillon avec Steve McQueen et Dustin Hoffman. Ce récit remet en lumière les hommes et les femmes qui, condamnés, étaient perdus dans ce système carcéral, loin de tout regard. Il fait écho aux ombres du passé, à l’image des détenus de Guantanamo, enfermés dans un monde clos et irréel. Le graphisme d’Eric Sagot, naïf et délicat, contraste avec l’horreur du sujet tout en offrant une représentation saisissante de la nature luxuriante de la Guyane. Cette intégrale, qui réunit les deux tomes, dévoile un témoignage puissant et humain sur le bagne, tout en maintenant une distance respectueuse avec l’extrême violence de la situation. À la fin de cette intégrale, un large cahier graphique complète l’album, enrichissant l’expérience avec des croquis et des éléments visuels qui permettent au lecteur de mieux appréhender l’univers du bagne à travers l’œil du dessinateur.