L'histoire :
Arpentant de nouveaux territoires, les soldats de l’empire affrontent des contrées inhospitalières : humidité, obscurité, relief escarpé et insectes ralentissent leur progression et balisent leur quotidien. Après avoir traversé de longs déserts, les voilà désormais plongés dans les profondeurs d’une forêt certes féconde, mais aussi pleine de mystères. Les éclaireurs découvrent alors une cascade bleue comme l’azur, semant la joie et la confusion dans les rangs de l’infanterie. Glorim, le chef, décide de leur donner un congé bien mérité : les soldats peuvent enfin manger, se laver et se reposer. Mais lors de cette halte, l’escouade semble épiée. Calma se rue alors derrière les buissons et découvre une femme, qu’il ligote et fait prisonnière. Cette femme, belle et guerrière, suscite le désir de la plupart des soldats. Deux d’entre eux, submergés par leurs pulsions, décident de passer à l’action. Mais l’otage se débat violemment et parvient à s’enfuir. Résultat : Abraxis décède d’une morsure sanguinaire. Des éclaireurs partent alors à la recherche de la captive… Mais attention : ces « femmes ont plus faim que mille hommes en arme »…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Ce deuxième tome était attendu, au regard des qualités déployées par le premier : l’audace graphique et narrative de Bastien Vivès et Merwan, appuyée par les magnifiques couleurs de Sandra Desmazières, accouchaient d’une belle réussite. Les esthètes avaient apprécié. Changement de décors et d’ambiance pour ce second volet. Aux séquences crépusculaires et contemplatives du premier volet, montrant de longues marches désertiques, succèdent des tableaux paysagers d’une nature luxuriante et féconde, tour à tour fraîche et hostile. Territoires inconnus, ces confins de l’empire doivent révéler l’armée à elle-même. Dans cet esprit, on aime les teintes aquatiques, transparentes et végétales, très féminines, à la fois froides et pures, utilisées par Sandra Desmazières. S’adaptant parfaitement à la tonalité de l’histoire, elles remplacent habilement les textures rouillées, animales et sauvages, du premier tome. Une nouvelle fois, les esthètes apprécieront. En revanche, le scénario et les dialogues œuvrent un ton en dessous. Autant le début de la série avait su charmer par un récit atypique, autant ce second tome déçoit par la récurrence de quelques défauts agaçants : il se dégage de l’histoire un manichéisme primitif opposant le mâle violent, brutal, belliqueux et assoiffé de sexe, à la femme rusée, fine stratège, un peu fourbe aussi, et plus maligne à déjouer son adversaire. C’est un peu Hercule face à Athéna, en moins subtil. Les scènes de copulation, assez brutales, révélant des femmes toujours séduisantes, soumises et avides de sexe (même si le scénario infirme cette impression produite par les dessins, mais à demi-mot seulement) paraissent franchement gratuites ou artificielles. Le plus souvent, le récit ne fait que reproduire des stéréotypes ancestraux sur l’essence masculine et féminine, dont on se passerait volontiers. Au final, un album à moitié réussi ou à moitié manqué, au choix…