L'histoire :
Un tueur en série barbare et insaisissable sévit dans la Barcelone du futur. Rituellement, le « triangle rouge » charcute le dos de ses victimes en leur découpant la peau en forme de triangle. Une émission de télé-réalité, Médiacop, le traque pour le moment sans succès. La superstar Norman Baron, flic en chef du spectacle télévisé, n’a pas son pareil pour faire grimper l’audimat, pour le plus grand plaisir de son producteur, l’odieux Gullick. A la mort de son acolyte, un savant casting désigne alors une jeune recrue de l’école de police, l’innocente Oshii Feal, pour le seconder sur ses enquêtes. La candeur et le zèle de cette dernière plait beaucoup au public… Mais le triangle rouge profite d’une pause hors antenne pour l’endormir et introduire un insecte bizarre sous la peau de sa nuque. Ainsi, il teste à distance toutes ses sensations et la met « en concurrence émotionnelle » avec un prêtre qui a subit la même opération. Lors d’une confrontation largement retransmise, le tueur fait son choix : il exécute le curé, laisse Oshii sauve et fait s’envoler l’audimat. L’enquête apporte alors de nouveaux éléments : à l’intérieur des cicatrices retrouvées sur la nuque des victimes, on retrouve des fragments de carapaces semblant provenir… de la planète mars ! Oshii s’intéresse alors à la récente conquête de l’espace par les robots…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Enfin, dans ce troisième et dernier épisode, la lumière est faite sur les motivations et l’identité du tueur insaisissable. Dans un final parfaitement cohérent et sur un rythme bondissant, Jean-David Morvan relie bout à bout les nombreux éléments de son thriller d’anticipation. En effet, les sources d’intérêt ne manquent pas dans cette histoire complexe mais diablement captivante ! JDM invente un concept astucieux (et parfaitement dégueulasse) d’émission de téléréalité, en déduit des conséquences psychologiques sur les acteurs, met en scène un sérial-killer quasiment surnaturel et se permet de redéfinir les célèbres lois de la robotique d’Isaac Assimov. Ces 4 lois (3 d’Asimov +1 de Morvan) étaient jusqu’à présent rappelées à chaque épisode sans qu’on en comprenne l’intérêt majeur pour le scénario. Elles prennent dans cette conclusion tout leur sens, bien que JDM triche un tantinet avec elles (un robot qui apprend à ressentir des émotions ne reste t-il pas un robot, et donc soumis à la loi n°1 : un robot ne peut porter atteinte à un être humain… ?) Nous passons volontiers outre ce détail pour nous réjouir également du graphisme en réels progrès de Francis Porcel, parfaitement complémentaire au découpage dynamique. La toute dernière planche parachève l’œuvre de superbe manière, proposant une vision affolante d’une téléréalité portée à son paroxysme et de ses effets sur l’âme humaine…