L'histoire :
Oshi, animatrice vedette de l’émission de téléréalité Mediacop, décide de prendre quelques jours de vacances au sud de l’Espagne, à Grenade. Pas de bol, la ville connait à ce moment même une actualité chaude : deux bombes explosent dans une mosquée, au moment de la prière, faisant une trentaine de mort et de nombreux blessés. Bien décidée à ne pas céder à la terreur, Oshi part quand même, avec une perruque sur la tête pour passer incognito. Ce déguisement lui vaut d’être contrôlée à la douane (en période d’alerte, les autorités sont précautionneuses) et bien sûr, immédiatement reconnue… Les flics font alors une grosse gaffe en lui révélant une info top-secrète, qu’ils croient à l’origine de sa présence : la fille du maire de Grenade, le premier en Europe de confession musulmane, a été enlevée par un groupe ultra nationaliste. Le mouvement Reconquista aurait en effet tendance à faire l’amalgame entre islam et islamisme. Or, grâce aux récentes prouesses technologiques (relire la première trilogie), Gullick, producteur de Mediacop, voit tout ce qu’Oshi voit, à travers son casque virtuel…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
La première trilogie terminée avec l’arrestation du serial-killer « triangle rouge », les auteurs Jean-David Morvan et Francis Porcel reprennent du service pour un nouveau cycle. C’est désormais Oshi qui tient le premier rôle, en attendant certainement de voir son coéquipier Norman Barron se mettre en piste dans les épisodes à venir. Tout d’abord, au dessin, l’espagnol Francis Porcel affine son style réaliste, de plus en plus maîtrisé, et rehaussé de la colorisation experte de sieur Hubert. Côté intrigue, le ton diffère quelque peu des précédents volets : le thriller d’anticipation fait place à la politique fiction. Morvan aborde la question de la confession religieuse dans la société, dénonçant la confusion entre islam et islamisme, trop souvent avancée pour maquiller les instincts xénophobes les plus vils. Le débat est d’ailleurs d’actualité (cf. l’éventuelle adhésion de la Turquie à la communauté européenne), ainsi qu’une autre thématique de prédilection du scénariste : le terrorisme et le recours à la violence à des fins politiques. Certes, les inconditionnels de Morvan trouveront peut-être que l’auteur se stigmatise sur le sujet (voir Sillage, la Mandiguerre, Guerres civiles…) et regretterons peut-être le léger changement de ton. Mais il serait idiot de blâmer ces louables intentions, d’autant plus que la mise en bouche est une nouvelle fois parfaitement palpitante. Reste à voir comment cela va évoluer…
