L'histoire :
A travers 23 sketches, 34 auteurs de renom se prêtent à l’exercice didactico-burlesque qui consiste à nous expliquer le pourquoi du comment d’un sujet lambda. Exemples : Comment dessiner un Marcel Gotlib ? (Binet) La vie tumultueuse de la charentaise, cette inconnue (Tronchet). Une petite leçon de zoologie (Edika). Approche d’un phénomène abstrait et néanmoins proche : le temps (Benacquista et Barral). L’étude d’un mystère ésotérique particulièrement angoissant : la coccinelle du Gévaudan (Goosens)…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Alors que les médias commémorent le 40e anniversaire de mai 68, un évènement infiniment plus important se tramait à l’époque dans les pages du journal Pilote, quelques mois auparavant : la naissance de la Rubrique à brac (RAB en abrégé) de Marcel Gotlib. Cette chronique sociologique et scientifique de l’absurde prenait alors la suite des Dingodossiers dessinés par le même Gotlib (mais avec René Goscinny aux commandes). De nos jours, un aréopage d’auteurs prestigieux ont tenu à rendre hommage à la RAB, à travers un recueil collectif qui fleure la joie et le délire organisé. Le titre annonce « par tous les caïds de la bédé sauf Gotlib »… Effectivement, si papy Marcel n’a pas usé de son crayon magique dans cet album, il n’en apparait pas moins un peu partout, multi-croqué par ses pairs. De même, les thématiques chères à cet auteur culte, telles que les leçons de zoologie ou les exposés du professeur Burp, ainsi que les personnages les plus emblématiques de la RAB, tels qu’Isaac Newton ou la célèbre coccinelle, sont évidemment ré-exploités. Le casting est prestigieux ; pour ne citer que les plus célèbres : Arleston, Barral, Benacquista, Berberian, Bilal, Binet, Blutch, Boucq, Chauzy, Christin, De Caunes, Dupuy, Edika, Ferri, Goosens, Guarnido, Larcenet, Léandri, Maëster, Mandryka, Margerin, Mézières, Ptiluc, Solé, Tardi, Tronchet, Zep… Or, curieusement, les meilleurs morceaux ne viennent pas de là où on les attendait ! (la partition de Bilal est insipide ; celle de Tardi absconse ; a contrario celles de Dupuy/Berberian ou d’Arleston/Mourier sont savoureuses !). Les angles d’attaques sont multiples : les premiers ont cherché à « imiter » une rubrique gotlibesque, tournant en dérision un sujet lambda « à la manière de ». Les seconds ont rendu hommage à ce maître du 9e art humoristique, avec toutes les lourdeurs inhérentes et répétitives de l’exercice de copinage. La plupart a plus ou moins réussi à faire les deux en même temps. Il résulte de ces propos divers une impression décousue, parfois humoristiquement téléphonée, trop hétéroclite pour séduire pleinement. La RAB originale parait irremplaçable. Mille mercis Marcel !