L'histoire :
Web n'a pas beaucoup d'appétit ce soir. La jeune fille vit une histoire d'amour avec Rahan de la Pétaudière. Ce qu'elle ignore encore, c'est que très bientôt, le confinement va devenir nécessaire pour se protéger des épidémies qui ravagent la vallée. Idée terrifiante que d'avoir à passer tout son temps avec ses parents et son frère. Très vite, de nouvelles règles s'imposent : la distanciation pariétale au collège, puis finalement la fermeture complète. A la grande déception de Web, son petit ami ne veut pas se confiner avec elle, mais il lui confie son crocodile apprivoisé et part sur son volcan de campagne ! Il faut alors penser à stocker des vivres, mais évidemment tout le monde a eu la même idée. Impossible de trouver la moindre feuille pour les toilettes sur les arbres aux environs ! Et la queue devant Super Hutte est interminable. Bref, les effets de la pandémie traversent le quotidien de tous les habitants de la vallée, avec leur lot de comportements égoïstes, d'attestations à remplir, de spécialistes et de charlatans. Bref, une situation très familière.
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Cette nouvelle livraison du grand succès de Jul est totalement dédiée au coronavirus. Comme à son habitude, l'auteur propose une vision décalée de l'actualité du moment, la tourne en ridicule en la projetant sur sa tribu improbable, mais tellement proche de nous. Le livre démarre sur les chapeaux de roue, avec la famille réunie autour d'un pangolin grillé. Presque chaque case contient un jeu de mots ou un décalage anachronique. Jul déborde d'idées et enchaine les concepts marrants – la gastérophobie primaire – et les sorties un peu moins fulgurantes. Il semble n'éliminer aucune idée dans son passage en revue de toutes les dimensions de la pandémie appliquée au quotidien de sa famille préhistorique, dans une suite de gags de situation inégaux mais qui font parfois réellement sourire. Graphiquement parlant, la mise en scène ultra sommaire aux décors minimalistes de Jul est une vraie marque de fabrique. Ses personnages sont laids et dessinés très rapidement, mais leurs défauts nous reviennent en pleine figure car ils nous rappellent forcément quelque chose que l'on a vécu ces derniers mois au milieu de la pandémie. Sur une recette désormais bien établie, Jul livre un neuvième opus qui plaira aux fans inconditionnels et fera sourire ceux qui le prendront en main sur la table du salon – dans le meilleur des cas – chez des amis. Evidemment, quand on pourra à nouveau aller chez des amis.