L'histoire :
Blanche, la reine d'Entremonde, est en route pour livrer bataille aux troupes ennemies menées par Messire Kradok. Aux portes du royaume, les assaillants sont confiants dans la victoire toute proche, aidés par la reine-mère Sophora. Elle était déjà complice de l'assassinat de son mari le roi, mais doit encore réussir à faire éliminer sa fille pour que son fils Ogier le bossu accède au trône. Le lieu de l'affrontement choisi par Sophora est situé dans les terres du sud, dominées par son propre cousin Saumure. Logiquement, lorsque Blanche s'attend à recevoir le support de ses troupes, elles lui font défaut. Un accord secret a en effet eu lieu entre Saumure et Kradok et la rumeur de la défaite des troupes de la jeune reine va bientôt parcourir le royaume. Mais alors que les luttes de pouvoir battent son plein, le monde d'en bas, refuge de tous les diables et démons, fait irruption dans le conflit. Le prince Maldoror, qui a choisi de faire une incursion dans Entremonde, est tombé involontairement amoureux de Blanche, dont il veut prendre la défense. Lorsque Blanche, survivante de la bataille, veut revenir vers son château, son fidèle chambellan vient de découvrir que sa propre mère est sur le point de signer un pacte avec l'ennemi pour réunir les deux royaumes en un seul. Blanche entre alors en contact avec maître Haas, au cœur des tentatives d'empoisonnement fomentées notamment contre elle. Il lui permet de rencontrer la sorcière Miranda afin d'en savoir plus. Dans le refuge de la sorcière, la jeune reine retrouve Maldoror...
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
L'incertitude autour du style choisi par les auteurs pour le premier tome de ce compte de fées est levée avec ce nouvel épisode. Les prétentions d'une comparaison avec les grands du cinéma fantastique à la Tim Burton semblent abandonnées au profit d'un style caricatural et humoristique « disneyen » qui porte sur les personnages un regard plein de dérision. Le style animé assumé permet au lecteur de se resituer et de prendre cette histoire de lutte pour le trône, pour le divertissement qu'elle cherche à être, même si l'humour n'est pas forcément le point fort de Jean Dufaux. Les scènes drôles ne sont donc pas des plus réussies, le scénariste très prolifique ne semble pas avoir puisé ici dans les meilleurs recoins de sa réserve d'idées. En revanche, il fait le maximum pour permettre à son dessinateur de s'exprimer, en lui donnant toute la matière nécessaire. Et c'est le cas, Jose-Luis Munuera démontrant une nouvelle fois son talent incomparable, aussi bien dans la précision des visages et des expressions du moindre de ses personnages, que dans la flamboyance de ses décors. Les scènes de combat, tout comme les foules rassemblées dans les tavernes, sont de petits morceaux de bravoure d'une précision hallucinante et d'une grande force évocatrice. Il y a chez le surdoué espagnol l'influence patente et assumée du grand Uderzo et il faut avouer que, tout comme les personnages du village gaulois, ses gros moustachus campés au cœur de cités au look moyenâgeux tiennent furieusement debout. Il faut donc prendre Sortilèges pour une nouvelle déclinaison du talent d'un des dessinateurs BD les plus dynamiques du moment. Tout en reconnaissant qu'il n'a pas encore trouvé ici le très grand scénario qui marquera sa carrière, comme le fut par exemple le Chninkel pour Rosinski. On le lui souhaite en tout cas.
