L'histoire :
Maigre, longiligne, neurasthénique et coiffure improbable… Elijah Stern est croque-mort à Morrison, un patelin paumé au fin fond du Kansas. Ce jour-là, il vient récupérer sa commande au magasin général. Ses nouvelles bottes sont bien arrivées, mais pas ses livres. Or Stern est un vrai dévoreur de livres… et là, il est en manque. Son copain alcoolique Lenny lui conseille donc d’aller s’en procurer jusqu’à la grande ville la plus proche, Kansas city… La ville : une épreuve pour Stern, doté d’un tempérament agoraphobe et misanthrope. Mais le besoin de nourriture culturelle sera le plus fort. Le lendemain, il enfourche sa mule et part pour un périple de 36 heures, grand maximum. Durant une bonne demi-journée, il traverse des paysages d’un calme absolu, puis les faubourgs de Kansas city, et arrive enfin en centre-ville, chez Royce Bookshop. Il se rassérène quelques secondes devant la vitrine, lorsqu’une vieille connaissance le reconnait : Fergus, un gars de sa génération, devenu groom. Le temps de papoter et le libraire ferme déjà boutique. Il faudra revenir le lendemain, à 11 heures. Stern est un peu dégoûté. Fergus lui paye un verre, puis lui propose de l’héberger. Mais il s’agit d’un piège pour le détrousser…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Une psychologie de personnages intrigante, attachante et cohérente, véhiculée par une science du dialogue de haute volée : le premier tome de Stern, un western « pas comme les autres », s’était révélé une excellente surprise ! Le tome 2 confirme toutes ces qualités, et nous permet d’étoffer notre connaissance de ce personnage hors norme dans le paysage rural américain de la fin XIXème. Car au milieu des rustres et des alcooliques, le héros Elijah Stern est distingué, posé, cultivé (…mais pas juif !). On découvre à présent qu’il est marié ! Et tant qu’à faire, on fait connaissance avec son épouse, qui tient un café pour femmes, sous la surveillance musclée d’une « bonne amie ». La problématique de départ est assurée par le besoin de livres : Stern a besoin de lire, comme d’autres ont besoin de respirer. Mais Stern redoute les excès de la ville… or ce qui l’attend va être encore pire. La couverture de ce second volet est à ce sujet un résumé assez fidèle du contenu : les mésaventures en cascade qui attendent Stern à Kansas City, véritable asile d’aliénés à ciel ouvert, vont être nombreuses, musclées et rocambolesques. C’est peut-être dans cet aspect que se trouve le petit bémol de ce tome 2 : la récurrence des personnages et leurs exubérances sont un tantinet too much. Cela dit, leur caractère folklorique assure au lecteur de passer un très agréable moment de lecture, toujours agrémenté visuellement par un dessin bien en place et… différent des décorums habituels de western. Les frères Maffre renouvellent véritablement le genre. Vivement le tome 3, qui surprendra assurément encore.