L'histoire :
Red et Otis sont deux jeunes garçons inséparables. Ils passent leurs journées ensemble, à inventer de nouveaux jeux pour embêter les habitants du patelin voisin. Mais dans les années 30, il n’est pas forcément bon pour un jeune blanc de côtoyer un afro-américain. Red ne l’entend que trop souvent de la bouche de sa mère. Tout comme Otis, réprimandé par sa tante, qui lui reproche de s’acoquiner avec un blanc. La situation ne va pas aller en s’améliorant avec l’arrivée nouvelle d’une chanteuse blanche, de sa fille Shelley et de leur gouvernante dans la petite ville. En effet, la fameuse Mrs. Duville et sa fille ne sont pas comme les autres. Aucune haine n’émane d’eux, au contraire, ils accueillent avec joie les deux jeunes baroudeurs, attirant un œil accusateur et inquisiteur sur la famille nouvellement installée. Au même moment, un homme habitant au sein de la communauté d’Otis disparaît brutalement. Crime racial ? Disparition accidentelle ? Fuite ? L’arrivée soudaine de ces différents bouleversements vont avoir un effet boule de neige sur les deux compères. Le climat de cette époque aura-t-il l’ascendant sur l’amitié entre Otis et Red ? Sur leur innocence ? Un enfant peut-être bien plus fort que cela...
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Johann Louis signe un petit bijou de roman graphique, qui n’est pas sans rappeler la douceur innocente et espiègle d’un Vincent Zabus (Incroyable et Mademoiselle Sophie). En ancrant son récit dans le climat de tension raciale des années 30 aux État-Unis, mais vu au travers des yeux d’enfants, Louis arrive à insuffler un peu de douceur dans une époque complexe pour les populations opprimées. Peu à peu, l’innocence des deux compères Otis et Red vole en éclat avec la découverte d’une cagoule blanche maculée de sang (appartenant au Klu Klux Klan), la peur des répercussions de s’être lié d’amitié avec un afro-américain ou encore les crimes haineux commis au nom d’une soi-disante suprématie. Traversant les épreuves au nom d’une amitié franche et sincère, nos héros découvriront la tendresse avec Shelley et sa mère, cette dernière tentant de protéger comme elle le peut l’esprit encore ingénu de nos protagonistes. Toutefois, les deux garçons commencent à comprendre comment leur monde fonctionne, au prix d’une jeunesse et d’une enfance trop vite volées. Mais il en faut plus pour décourager un enfant ! Johann Louis est également au manettes de la partie graphique, avec un dessin doux, tout en traits enfantins et aux couleurs vives, rappelant également le travail du collaborateur de Zabus, Hippolyte ! Le dessin contrebalance avec l’esprit âpre du récit, comme pour sauvegarder l’innocence des véritables héros de cette histoire : les enfants. Les trois jeunes héros ne se soucient guère de la couleur et de l’appartenance. Ils sont là pour découvrir, explorer, apprendre et aimer. Swamp est un magnifique roman graphique à mettre entre toutes les mains, une belle leçon sur l’amitié mais aussi une belle fable sur l’acceptation et l’espoir.