L'histoire :
Longuement et minutieusement formé par le maître Horiseijun, Oshi est devenu lui aussi un tatoueur réputé à Nagoya dans l’art du Tebori, le tatouage traditionnel japonais. Outre leur talent, le vieux et le jeune tatoueur partagent un passé sulfureux parmi les yakuza, dont les chefs viennent se faire tatouer régulièrement dans le cabinet spécial situé au premier étage de leur cabinet de tatouage. Oshi sort depuis quelques semaines avec une belle rousse, Otsuya, « collectionneuse » de tatouages qui n’a de cesse que de se faire tatouer par Horiseijun lui-même. Or celle-ci est une policière d’interpole infiltrée, qui profite de son ultime tatouage pour placer un micro dans le cabinet afin d’enregistrer les confessions des chefs yakuzas. Les longues séances de tatouages sont en effet des moments de détente particuliers propices à la parlote… Dès lors, l’arrestation de Takeshii, le chef des Yamaguchi-yumi est programmé. Mais lorsque la brigade spéciale intervient, le yakuza se défend tel un berserker, en jouant du katana (sabre) et en blessant mortellement tous ses assaillants. Il parvient à s’enfuir, seul, et à pénétrer jusqu’au bureau du chef d’un clan rival pour le faire parler (en découpant en rondelles au passage tous ses gardes du corps). Sous la torture, celui-ci apprend à Takeshii que le studio de tatouage a été mis sur écoute, et que ce sont donc Horisijun et son disciple les responsables de cet hallali. Ces deux-là sortent justement de leur interrogatoire dans les locaux d’Interpol…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Ce thriller dans le milieu du tatouage traditionnel japonais, un art intimement lié aux clans yakuzas, prend fin avec ce troisième volume. Tout se dénoue donc, forcément tragiquement, étant donné que l’arme fétiche du milieu est le katana et que le paiement des dettes d’honneur est la règle. Comme pour bien vous scotcher à votre fauteuil, une scène terrible vous saisira aux tripes dès les premières pages. Mais puisque le cadre de ces règlements de compte est la ville de Nagoya, située sur une faille sismique, et que la vision d’un corbeau légendaire vous a prévenu d’un cataclysme imminent, l’aspect catastrophique de ce final dépassera le simple raz-de-marée d’hémoglobine… Le scénariste Robledo met ainsi son histoire en cohérence, même si le jeune héros Oshi devient plus spectateur qu’acteur d’un déferlement d’évènements qui le dépassent. Ses relations avec Otsuya sont apaisées ; le tueur de yakuza est coincé et son rôle expliqué ; l’enquête de la police est bouclée ; une dimension fantastique se raccorde avec les yōkais légendaires. Le dessin semi-réaliste de Marcial Toledano est une nouvelle fois au top – il l’a toujours été, depuis le premier tome de Ken Games. Précis dans ses mises en scène, ses profondeurs de champs, l’expressivité des personnages, il culmine aussi dans les décors, avec la très impressionnante double page 38-39. Tout est bien qui finit bien ? La toute dernière case vous remettra un formidable coup de pression, comme pour finir en beauté un thriller magistralement exécuté.