L'histoire :
Une jeune femme tombe dans le noir. Elle ne sait pas encore où elle a atterri. Elle est accueillie par un drôle de personnage, qui l'éclaire de sa lumière rouge. Il lui demande de le suivre. Elle est en quelque sorte aux Enfers, et elle ne va pas pouvoir y rester. Elle doit aller tirer son numéro à la loterie, profondément injuste. Elle repartira en fantôme, sans doute, sauf si elle gagne à cette loterie : elle a une chance sur 7,67 milliards de revenir à la vie. Même si elle souhaite rester ici, l'étrange bonhomme qui l'a reçue lui indique qu'elle ne pourra pas, qu'il est obligatoire de repartir. Alors, elle le suit avec son ticket. Le tirage s'effectue... Les boules se mélangent et l'une d'elles descend tranquillement pour annoncer le résultat... Et nous avons une grande gagnante ! Cette jeune femme vient de gagner à la loterie et va pouvoir retourner à la vie. Elle aura toutefois la capacité de voir les morts, réincarnés sous la forme de fantômes. Elle verra notamment son propre fantôme, coincé dans son appartement. La voilà qui se réveille dans sa baignoire, un nœud coulant tout proche... Elle ne souhaitait pas retourner à la vie. Sa mort, elle l'avait choisie, elle l'avait voulue. Mais le destin en a décidé autrement et elle va devoir vivre à nouveau...
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Originaire de Russie, Roman Muradov s'est installé à San Francisco. Il travaille pour différents médias, et a déjà signé des bandes dessinées : Aujourd'hui, demain, hier, Les aventures de Munich dans Marcel Duchamp. Avec ce roman graphique, il interpelle par sa couverture et surprend par son récit. Le moins que l'on puisse dire, c'est que cette bande dessinée sort du lot par son originalité, tant dans la forme que dans le fond. Le scénario aborde la thématique du suicide et de la mort, mais aussi, forcément, le sujet de la vie. L'auteur nous entraîne dans une promenade nébuleuse, où l'on ne comprend pas toujours les tenants et les aboutissants, mais elle a un côté hypnotique. Ce mode de narration ne conviendra pas à tous : il faut accepter de se perdre. Le message en arrière-plan s'éprouve plus qu'il ne se comprend. Graphiquement, Roman Muradov signe des illustrations poétiques et mélancoliques. On ressent une profonde tristesse, la colorisation utilise majoritairement des couleurs sombres, teintées de temps à autre de sources de lumière et de couleurs. Les traits sont maîtrisés, même si les illustrations ne sont pas réalistes. Elles nous emmènent dans un univers graphique à part, avec sa part d'incompréhension et de beauté. Un ouvrage déroutant.