L'histoire :
Un univers grisâtre et surréaliste. Trois personnages affublés de scaphandre procèdent à des tests. Deux vérifient le fonctionnement d'une antenne depuis leur ordinateur. Un autre checke une sorte de ballon-sonde et s'envole dans les airs, pour retomber sur la pique de l'antenne et être transpercé. Un étrange voyageur débarque sur sa monture et passe devant pour se rendre dans une ville minérale, inhospitalière, vide et morne composée de grands immeubles. Il tombe nez à nez sur un groupe de personnes qui lui mendient de quoi subsister. Il passe devant eux, en les ignorant, sa monture défèque sur eux, ce qui provoque leur ire. Le voyageur entre dans un immeuble et se plugue à un réseau énergétique, comme pour se recharger. Dehors, des animaux se décomposent. Il sont capturés pour servir à créer un carburant. Ça tombe bien, la monture du voyageur a besoin de carburant...
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
D'entrée, la préface de Philippe Druillet adoube le jeune Pim Bos en osant comparer son album à Alfred Kubin, un graveur et illustrateur autrichien ou Otot Dix, un peintre et graveur allemand associé aux mouvements de l'expressionnisme, un des fondateurs de la Nouvelle Objectivité. L'atmosphère dépeinte par Pim Bos est lourde et froide, et ce, dès les premières cases. L'absence de mots, la solitude du personnage principal, un bestiaire bien étrange et les nuances de gris sont prépondérants, dans un silence pesant. En cela, c'est une performance de très haut niveau graphique. On a l'impression de se retrouver dans Le dernier combat (1983) de Luc Besson où le muet régnait en maître. Là où la frustration est totale, c'est que l'on aurait aimé que le récit soit plus dense, afin qu'il dégage plus de sens. On aurait aimé ressentir cette sensation quand, une fois l'album refermé, le récit occupe encore les esprits. Mais, ici point de réponse car points de biscuits à se mettre sous la dent ! Peut-être trouverez vous des éléments de réponse ou un complément d'information dans le court-métrage Ghozer évoqué en postface par Marc Caro, longtemps alter-ego de Jean-Pierre Jeunet...