L'histoire :
Patricia, alias Trish, 7 ans et demi (soit 15 ans de nos années terrestres), vit avec son oncle et sa tante sur la planète Mars, jadis colonisée par les terriens et toujours en cours d’une utopique terraformation. Elle partage son temps entre l’école et la « moisson » d’eau, à bord d’une batteuse qui sillonne de gigantesques champs de récupération d’H2O. Mais sa vraie passion, c’est le hoverderby, le sport-star, essentiellement pratiqué par des équipes de filles. Totalement captivée par le championnat, elle plante sa batteuse dans un champ et doit rentrer à pieds chez elle. Un tchat sur réseaux sociaux lui a aussi appris qu’une sélection ouverte se tient en ce même moment pour les nouvelles recrues d’hoverderby… Et quand bien même il faut avoir plus de 9 ans (18 ans), elle compte bien y participer. Elle se débrouille donc pour sécher les cours et rejoint la ville en stop. Une fois devant l’entrée du stade, elle s’arrange encore pour entrer par la sortie des artistes et switcher la file d’attente. Enfin, elle intègre un groupe de « patineuses » et peut prouver ses aptitudes pour ce sport. Elle fait partie des 5 premières présélectionnées, malgré l’absence de dossard. La vedette Hanna Barbarian la repère alors comme une rivale et ne lui fait aucun cadeau dans l‘épreuve suivante. Mais Trish prouve encore ses compétences techniques en réparant son patin d’une soudure en deux minutes. La voilà embauchée comme mécano…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Ce premier tome immerge de facto son lecteur dans un contexte martien futuriste, pour une étonnante série entremêlant science-fiction et sport moderne. Quoique le hoverderby pratiqué par l’héroïne soit un dérivé du roller derby, sport actuel de course et de contact, plutôt féminin, qui se nourrit et se développe en parallèle de la mouvance féministe. Trop jeune pour le hoverderby, mais trop douée pour ne pas s’y lancer à corps perdue, l’héroïne Patricia (alias Trish) suit ici une quête initiatique somme toute classique, qui ne manquera sans doute pas de la faire accéder au sommet de la pratique au terme du troisième opus. Ce fil narratif occupe assurément le gros de l’intrigue, mais l’américaine Jessica Abel, en auteur complet, a poussé son idée jusqu’au bout. Elle a imaginé toute l’histoire de la colonisation, de la terraformation et de la civilisation « martiate » – un scénario somme toute plausible au regard du savoir-faire humain actuel. Et elle développe un fil secondaire avec la créature martienne que protège Trish… et il est bien difficile de deviner où ce fil narratif va nous emmener sur ce plan. Le dessin semi-réaliste est sérieux et cohérent, mais il pêche dans la finition des personnages, aux traits peu gracieux, dans le naturel des postures, parfois mal proportionnées ou bancales, et dans le juste rythme des actions – lors des « jams », on ne comprend pas toujours la logique des doublages et des « blockages » … Espérons que ces limites graphiques se gomment vite, pour faire la part-belle aux atouts de cette trilogie accrocheuse.