L'histoire :
Pasquale Paoli est le père de la nation corse dans le cœur de tous les partisans de l'indépendance de l'île. Il fut le créateur de la république qui se libéra de Gênes et fut indépendante de 1755 à 1769. En décembre 2015, Jean Guy Talamoni rappelle ces dates historiques dans son premier discours à la tête de l'assemblée de Corse, après la première victoire électorale des nationalistes corses depuis que le mouvement indépendantiste a refait surface quelques décennies plus tôt. C'est en effet au milieu des années soixante-dix, à l'occasion de l'attribution de domaines viticoles à des rapatriés d'Algérie, qu'un évènement va faire renaître la résistance corse face à l'état français. Un discours prononcé par Edmond Simeoni, fondateur de l'association régionaliste corse, a électrisé les foules quelques jours plus tôt, qui scandaient leur volonté d'une lutte sans merci pour la décolonisation. Quelques habitants d'Ajaccio vont occuper une cave viticole, armes à la main, Simeoni est avec eux, mais au bout de quelques jours les forces de l'ordre interviennent. Des coups de feu sont tirés, il y aura deux morts parmi les policiers. Simeoni se rend et sera condamné à la prison. Les militants qui ont fui les lieux lors de l'assaut des forces de l'ordre décident de prendre le maquis. C'est le début de plusieurs décennies de violence...
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
En partant du moment fondateur des mouvements indépendantistes corses, l'auteure Hélène Constanty fait un rappel historique important, autant que le retour permanent vers la figure de Pasquale Paoli. Deux éléments de contextes historiques provenant de deux époques différentes, mais utiles pour le lecteur qui n'aurait pas étudié dans le détail les dernières décennies de la politique en Corse. Après une première partie enthousiaste, voire lyrique, le ton change lorsque la violence devient une sorte de moyen d'expression absurde ; et à mesure que les rivalités au sein du FLNC et des groupes qui lui ont succédé deviennent de plus en plus opaques. Le retour d'une véritable mafia sur l'île est clairement dénoncé, tout comme l'assassinat du préfet Erignac, qui occupe une place importante dans la seconde partie de l'album. Le dessinateur Benjamin Adès livre une prestation très lisible, efficace et économe sur la durée, sans oublier quelques moments de contemplation de paysages magnifiques. En quelques 200 pages, les auteurs réussissent à livrer une explication historique claire, certes influencée par l'enthousiasme d'Hélène Constanty pour les récents développements politiques au sein de l'assemblée de Corse. Le passage en revue des approches successives des différents gouvernements français est lui aussi intéressant, lorsqu'il devient la toile de fond, en quelque sorte, de l'idée indépendantiste qui progresse. Un livre intéressant, relativement équilibré, dont la construction purement chronologique n'empêche pas une lecture fluide, jamais ennuyeuse.
