L'histoire :
Là où les premiers pensent que la politique est une vaine utopie (Emile Bravo), les seconds ne voient que la perversion du pouvoir (Binet). Mathieu Sapin met en pratique Platon qui pense que le pouvoir doit être confié à celui qui s’intéresse le moins à l’idée de gouverner (la République). Anne Simon aborde le sujet frontalement via des caricatures à peine dissimulées (Chirac, Sarko, le Pen & Cie en singes bononos fornicateurs). Diego Aranega met en avant les oubliés de la politique (le UMSCE : Union pour la Majorité Silencieuse des Cages d’Escalier). Nicolas Barral répond avec une forme de légèreté qui cache un cri d’alarme. Jean-Yves Ferri, lui, s’adonne au même petit jeu de sketchs en une demi-planche que pour le Retour à la terre. Son de Gaulle à la plage dédramatise la chose avec un sens burlesque franchement drôle. Dans un genre plus scato mais tout aussi hilarant, Frantico nous parle du stress permanent de l’homme politique. D’autres évoquent la chose de manière poétique (F’murr) ou en ayant recours à l’absurde (Mandryka). Enfin, quelques autres plus sérieux semblent avoir perdu leurs illusions. C’est le cas de Claire Brétécher (le prosélytisme chez les vieux), de Riad Sattouf (la réception et le conseiller), de Bouzard (le dilemme entre action pragmatique et débat démocratique) ou de Martin Veyron (la politique, c’est beaucoup de bruit pour rien). Concernant ce dernier, la métaphore des Robinsons qui s’intéressent à la politique tous les 5 ans, lorsqu’un nouveau naufragé débarque, est néanmoins très parlante…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Année électorale oblige, la politique s’immisce de plus en plus dans le 9e art. Alors que parait La face karchée de Nicolas Sarkozy, l’enquête-caricature en BD de Philippe Cohen et Richard Malka, les éditions Dargaud se mettent également au goût du jour. L’éditeur a interrogé quelques auteurs complets (scénaristes et dessinateurs à la fois) et néanmoins engagés, avec une question du genre : comment illustreriez-vous le sens de la politique ? Si les points de vue sont variables, le faible taux d’abstention devant cet appel prouve que la politique est une excellente source d’inspiration et qu’indirectement, elle sert à quelque chose. Enfermé dans l’isoloir de sa table à dessin, chacun a apporté une contribution variée et néanmoins intéressante à cet ouvrage collectif. Si l’on n’évite pas dans un sketch la caricature de nos « élites » actuelles (aïe, les bononos…), tous sont restés bien au dessus des querelles partisanes, et tant mieux ! Démonstration est donc faite que la politique est quelque chose de sérieux, mais rien n’empêche d’en rire, bien au contraire. Vous avez alors le choix entre allier l’humour à la réflexion via un humour acide (Veyron, Bretécher, Mandryka, Barral, Aranega, Bouzard…) ou vous régaler de mises en situation bidonnantes : de Gaulle à la plage (Ferri), le président de la république Rasta (Sapin) ou le président stressé (Frantico) !