L'histoire de la série :
La WEST (pour Weird Enforcement Special Team), est une équipe de 5 agents très spéciaux, au service direct du président Roosevelt (tout début du XXe siècle). Dirigés par Morton Chapel, un élégant rustre aux méthodes expéditives, ils disposent d’un certain nombre de passe-droits pour résoudre les affaires paranormales auxquels ils sont confrontés, en général par le biais d’interventions musclées…
L'histoire :
Sous la coupe d'un puissant démon nommé Seth, la jeune Megan Chapel s'est échappée de son asile d'aliénés avec fracas, à cause de ses ravageurs pouvoirs de télékinésie. Elle se dirige désormais, par voie de chemin de fer, vers Valeria City, là où « tout a commencé »... Pour éviter que Seth ne décuple plus encore sa capacité de destruction, son père, Morton Chapel, chef de la section spéciale WEST (Weird Enforcement Special Team), s'est lancé en solo dans la pire des missions : tuer sa fille. C'est une véritable malédiction qui se poursuit pour lui, car jadis, il avait déjà du tuer sa femme, dont la démence meurtrière menaçait Megan. Il avait aussi autorisé un exorcisme sur Megan, pratiqué par Angel, son ami indien catholique... mais il l'avait stoppé avant son terme, en raison des insupportables douleurs subies par sa fille. Aujourd'hui blessé et épuisé, Morton Chapel est recueilli inanimé en travers d'un chemin boueux, par une famille d'éleveurs, qui lui redonnent goût à la vie. Soigné et ragaillardi, il reprend finalement sa route, ignorant que les autres membres de son équipe ont reçu du président Roosevelt en personne la même mission que lui... avec un post-scriptum en plus à l'attention de Bishop : l'éliminer ! Angel, lui, compte reprendre un exorcisme sur Megan. En revanche, toutes ces considérations parapsychiques dépassent la cartésienne psychiatre Kathryn Lennox, qui en perd son latin...
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Les auteurs nous l'avaient annoncé en interview : les héros, membres de la WEST, pourtant déjà rompus aux phénomènes parapsychiques les plus angoissants du far-west, allaient connaître le pire des enfers dans ce diptyque. Les antagonismes entre amis et les tensions apocalyptiques culminent en effet dans le dénouement de ce tome 6, où ils reçoivent pour mission d'éliminer leur chef, tandis que celui-ci doit tuer sa propre fille ! Bonjour l'ambiance... Pourront-ils se remettre d'un tel climat d'autodestruction ? Sans trop en révéler, on vous annonce que l'un des protagonistes majeurs reste sur le carreau et que donc, les choses ne seront plus jamais comme avant. Au point que les fans peuvent légitimement s'interroger sur un potentiel quatrième diptyque... L'avenir nous le dira. En attendant, on apprécie grandement la prise de risque scénaristique de Fabien Nury et Xavier Dorison, qui poussent la dynamique humaines de leurs protagonistes à son paroxysme, à des années lumières des clichés et des choix narratifs consensuels. Chaque personnage montre une force de caractère propre et indépendante, qui rend leurs réactions imprévisibles et c'est ce qui est à l'origine de leur charisme et, paradoxalement, de leur unité. Enfin, l'assurance du trait et les somptueuses aquarelles de Christian Rossi, « le meilleur dessinateur réaliste actuel » (dixit Dorison), achèvent de placer la série WEST parmi le fleuron de ces dernières années. A réserver aux lecteurs les plus « matures », toutefois, autant en raison de la narration exigeante que du sordide de certaines situations...