L'histoire :
L’indien cherokee Equani poursuit son périple à pied, jusqu’à la source du « mal noir » qui ravage les hommes, les animaux et la nature. Il est désormais protégé par le dieu des daims Awi-Usdi et le dieu des ours Yânû, et accompagné par la petite fille du chef des Tsitsitas, qui sait où se trouve la tribu de Washita… Car il en est désormais persuadé : c’est au sein de la tribu de celle qu’il rejoint chaque nuit en rêve, qu’il trouvera le remède. Le prénom de la fillette étant bien trop compliqué à prononcer dans son dialecte, Equani l’appellera par sa traduction cherokee, Cheeluh. Durant leur longue marche, le chasseur et l’enfant apprennent à se connaître. Equani lui montre comment chasser, lui apprend les légendes… Y gagnant en témérité, Cheeluh s’éloigne et se retrouve alors piégée, face à deux crotales. Equani intervient et tue les serpents de son couteau, déclenchant la colère d’Inadû, le dieu des reptiles. Il faudra l’intervention de Yânû et d’Awi-Usdi pour qu’Inadû consente à l’épargner. Mais dès lors, Equani n’a pas intérêt à oublier ses promesses ! L’indien et Cheluuh reprennent donc leur marche, à travers un paysage de plus en plus aride et étouffant, de plus en plus ravagé par le mal noir…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Nous voilà à mi-parcours de cette quête initiatique indienne et le héros Equani y remplit déjà un double objectif. Primo il trouve enfin Washita, cette beauté qui hante ses nuits depuis le début et que son être tout entier brûlait de rencontrer. Secundo, il parvient au cœur du mal noir, à la source déversant alentour mort et désolation. Le cherokee tombe également sous la protection d’une troisième divinité animale, le dieu des serpents (encore plus agressif et difficile à convaincre que les deux précédents), ce qui place très haut le niveau d’attente, quant à la réussite de son entreprise de guérison ! Sans en dire de trop sur les convergences de toutes ces intrigues, reconnaissant au trio d’auteur une réelle complémentarité pour les mettre en scène. Le scénario de Séverine Gauthier nous immerge véritablement dans cette civilisation première (les cherokees avant l’arrivée des blancs), à des lieux de nos référents occidentaux. Elle dose habilement les éléments culturels, les interventions divines, le respect de la nature, tout en animant une aventure rythmée et en phase avec les canons de l’art séquentiel. De même, le dessin de Thomas Labourot trouve la transposition graphique idoine pour une telle quête, respectant à la fois sa griffe personnelle moderne, tout en laissant une large place au grand spectacle de la nature. Une mention spéciale est à porter aux cases ultra-panoramiques et, en général, à l’usage génial du découpage et des cadrages. Enfin la colorisation de Christian Lerolle est au diapason, magnifiant avec justesse les ambiances épiques, oniriques, sauvages ou horrifiques. Les volets paraissant à intervalles très rapprochés (un album tous les 6 mois), cela nous laisse espérer une conclusion pour le printemps 2011.