L'histoire :
Dans les années 40, Cornélius Knickebocker, inspecteur bedonnant et chevronné de la police de New York, débarque aux studios de la Paramount de Los Angeles. Il demande un rendez-vous au patron, pour une affaire trouble concernant un certain Woogee. Ledit « gamin » est alors le petit protégé de Sam de la Motte, un scénariste vétéran en vogue. Quand Sam apprend que Woogee a maille à partir avec la police, il lui demande des explications. Woogee retrace alors sa mésaventure, qui a débuté 3 mois plus tôt, lorsqu'il postulait pour être aide-étalagiste chez Hugh O'Neil, un grand magasin de Manhattan. Ce jour-là, son entretien d'embauche avait bizarrement tourné : Woogee avait poireauté plusieurs heures dans des bureaux vides, avant d'oser ouvrir une porte. Il s'était alors retrouvé face à une table remplie de liasses de billets verts. Vue la précarité de sa situation et la tournure que prenait son embauche, Woogee n'avait pas résisté : il avait piqué une liasse et s'était enfui. Évidemment, il avait été rapidement serré par l'équipe de l'inspecteur Knickebocker, en charge de la plainte déposée par Wescott, le patron du grand magasin. Il manquait en effet aux alentours de 23 000 $ dans la paye des employés ! Knickbocker n'était pas dupe et se doutait d'une entourloupe de la part des plaignants. Néanmoins, il avait opiniâtrement cherché où Woogee avait dissimuler une petite ponction de cette somme...
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Entre deux vagues de Mic Mac Adam, André Benn, aujourd'hui vétéran du 9ème art, a proposé en tant qu'auteur complet Woogee, ou les aventures d'un kid de Brooklyn qui a décidé de faire carrière à Hollywood à l'époque de l'essor du cinéma américain. Parus entre 1992 et 1998 et diversement primés, les 4 tomes (d'une cinquantaine de planches chacun) sont aujourd'hui réunis dans cette luxueuse intégrale, conclue par une douzaines de dessins pleines-pages (façon ex-libris). La série marque bien son temps en exhibant un dessin semi-réaliste hérité de l'âge d'or de la BD. Benn déroule une griffe graphique dynamique, cohérente, en adéquation avec le ton de ces aventures grand-public. Sur le plan narratif, Woogee souffre néanmoins d'une certaine obsolescence. On a le sentiment que Benn fait avancer ses intrigues sans trop savoir originellement où elles vont le mener. Les récits manquent de rythme, ou font étapes dans des digressions tantôt superflues, tantôt incohérentes (ex : lorsque Knickebocker apprend à Woogee qu'il est à l'origine de son nom). Les trois aventures (les tomes 2 et 3 forment un diptyque) deviennent toutefois plus intéressantes lorsqu'elles focalisent sur les divers aspects de l'industrie hollywoodienne de l'âge d'or (les années 40). On y apprend quelques termes de jargon, les arcanes, les différents métiers, on y découvre avec plaisir l'ambiance sur les plateaux de tournage. On apprécie aussi lorsque l'intrique embraye sur les liens étroits qu'entretenait Hollywood avec la mafia (La cité des anges).