L'histoire de la série :
La seconde guerre mondiale a pris de drôles de virages : alors qu’Hitler a été assassiné, Goering et Himmler prennent la tête de l’Allemagne nazie. Les Américains s’allient avec les Japonais et commencent à s’armer pour rentrer dans le conflit. Dans le même temps, Staline, allié des Allemands, s’associe avec la Chine de Mao. La seconde guerre mondiale n’est donc plus ce qu’elle était et les cartes sont profondément redistribuées. Luttes de pouvoir, conflits sanglants, actions héroïques ou traîtrises dans l’ombre : le conflit met en lumières soldats comme civils, homme politiques comme résistants venant de tout pays et de tout parti.
L'histoire :
Dans un autre pan de la réalité, la seconde guerre mondiale ne se déroule pas comme le raconteront plus tard les livres d’Histoire. Hitler assassiné, c’est Göring, puis Himmler qui prend les rênes du troisième Reich. Or celui-ci ne rompt pas le pacte germano-soviétique, ce qui permet aux nazis et au kremlin de bénéficier d’un rapport de force largement défavorable aux français et aux anglais. En gros, la guerre est en train d’être perdue par les alliés. Churchill aimerait donc précipiter l’entrée en guerre des américains à leurs côtés. Pour cela, il fomente un plan machiavélique avec l’un de ses plus vieux collaborateurs, le prénommé Henry. Henry est une éminence grise de l’Intelligence Service, qui a systématiquement plusieurs coups d’avance sur tout le monde. Cependant, Henry vient de perdre sa fille chérie dans un bombardement et nul ne sait à présent avec certitude la nature de son ressentiment vis-à-vis de cette guerre et de sa patrie. Churchill et Henry savent qu’en accordant trop de poids à Roosevelt, ils mettraient en péril l’influence britannique dans le monde. Une solution machiavélique s’impose alors aux anglais : assassiner Roosevelt et faire porter le chapeau aux soviétiques. Ils inciteraient ainsi les américains à vouloir venger leur président, et conserveraient sans doute leur empire colonial. Le plan est risqué : Henry propose de se faire passer pour un transfuge. Pour preuve de sa bonne foi, il demande à Churchill d’emporter une machine Enigma, un outil précieux permettant de décrypter les transmissions…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Troisième opus de la seconde guerre mondiale réécrite selon une distorsion divergente de taille : la mort du führer et son remplacement par un Himmler encore plus dangereux. Se déroulant alternativement entre Londres et Moscou, cette uchronie en one-shot est cette fois orchestrée par le scénariste Mathieu Gabella et dessinée par Vincent Cara (alias Vax, dans Yiu premières missions). L’intrigue prend les allures d’une affaire d’espionnage haletante et complexe. L’enjeu est tout simplement l’entrée en guerre « calibrée » des américains. Et pour cela, l’idée des anglais est de flinguer Roosevelt pour en faire un martyr… ou pas. Dans ce prisme psychologique de la guerre du renseignement, les armes s’appellent Enigma et Alan Turing. Un espion anglais, simplement prénommé « Henry » et disposant d’un intellect supérieur, mène les débats. Le jeu narratif consiste à lui donner le rôle de l’agent double, sans que le lecteur ne sache jamais (sauf à la fin) pour lequel des deux belligérants il œuvre. Fait-il croire aux russes qu’il est un transfuge pour mieux les blouser ? Ou est-il réellement en train de duper sa mère-patrie, par ressentiment ultime ? Peut-être aussi fait-il croire aux anglais qu’il est pro-soviétique, alors qu’en fait il fait croire aux soviétiques qu’il trahit l’Angleterre, alors qu’en fait… Heu, vous suivez ? En réalité, le ping-pong du double-jeu finit par être tellement retors, qu’on s’y perd un peu. Mais ça n’est pas très grave, car de toute manière, les capacités d’anticipation de cet homme sont tellement supérieures, qu’il a toujours 10 coups d’avance dans chacune des deux situations. On imagine les schémas enchevêtrés de son profil psychologique, que Gabella a du tracer pour que l’histoire demeure cohérente à chaque étape… Pour l’aider à rester fluide, le dessin réaliste de Cara confère un décorum crédible et détaillé, ainsi qu’une mise en scène de personnages réguliers, à travers un découpage varié et serré.