L'histoire :
En avril 1970, tandis que les américains sont rivés à leurs écrans pour suivre en direct les mésaventures des astronautes de la mission Apollo 13, trois prisonniers s’évadent de prison. En trafiquant la télécommande d’une télé, le noir Marcus a réussi à fabriquer un appareil pour l’ouverture à distance des grilles. Au passage, le colosse Chatan se venge d’un autre détenu en l’étranglant dans son sommeil. Quelques jours plus tard, la sous-lieutenant Jones est demandée par sa hiérarchie, alors qu’elle peaufine sa formation de pilote de chasse au sein de l’école de Patuxent River. Deux agents du FBI l’interrogent alors sur l’évasion de son frère Marcus. Jones affirme qu’elle n’a plus aucune nouvelle de lui depuis 10 ans. Mais le sujet est sensible : parmi les codétenus évadés, se trouve « Crow Dog », fondateur et théoricien d’un dangereux groupe d’activistes amérindiens. Jones s’en retourne inquiète à sa formation. Elle doit notamment apprendre à supporter l’expulsion en vol, via un simulateur sur rails. Pendant ce temps, Marcus, Chatan et Crow Dog rejoignent la communauté chinoise dans le China Town de San Francisco. La place de leader de Crow Dog a vite été remplacée par un dénommé Karkajou…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Aux côtés du général Ben Carrington, le « major » Jones est l’un des personnages les plus importants de la saga XIII. Son enfance dans le ghetto de Chicago avait déjà été explorée par le scénariste Yann dans le 3ème opus de la série parallèle XIII Mystery (avec Eric Henninot au dessin). Revoilà Yann aux commandes du premier opus d’une nouvelle série parallèle, permettant de creuser plus en profondeur tel ou tel personnage, via des XIII trilogy. Il s’adjoint pour ce faire les talents réalistes du dessinateur Olivier Taduc, qui fait ici sa deuxième incursion dans l’univers XIII (après son focus sur Jonathan Fly, scénarisé par Luc Brunschwig). Cette fois, Jones n’est plus une enfant, mais l’intrigue prend tout de même place dans sa jeunesse formatrice au pilotage d’avions de chasse, en amont de la rencontre entre XIII et celle qui n’est encore que la sous-lieutenant Jones. L’érudit Yann n’oublie pas d’appuyer son récit sur les évènements authentiques de l’année 1970 : l’échec de la mission Apollo 13, l’enlisement des GI au Vietnam, la sortie du tube de Nancy Sinatra, les Black Panthers, les manifestations pacifistes, l’occupation d’Alcatraz par des amérindiens… Or ni l’intrigue au présent, ni les flashbacks sur la jeunesse de Jones et de son frère ne permettent à sa personnalité de prendre pour le moment le dessus sur la contextualisation de l’époque. Reste un récit bien narré et magnifiquement illustré par un Taduc au sommet de sa griffe, dans le pur esprit Vance.
