L'histoire :
Lors d’une randonnée estivale dans les montagnes du Colorado, du côté de Boulder, deux jeunes amis profitent d’une pause pour se faire des révélations. Le premier, Seamus O’Neil livre au second, Jason Fly, sa réelle identité. Né en Irlande du nord, Seamus est le fils d’un activiste de l’IRA. A la mort de son père dans les geôles britanniques, il est éduqué dans la tradition du combat pour l’indépendance et dans la haine de l’anglais. Son oncle, qui deviendra au fil des années le numéro 3 de l’organisation, l’encourage néanmoins à poursuivre un cursus étudiant normal. Jusqu’à ses premiers faits d’armes… Tout d’abord, il permet à un professeur sympathisant à la cause, de prendre la fuite. Il entre alors de lui-même dans la clandestinité, devient activiste et poseur de bombes involontaire. L’étape suivante consistera pour lui à exécuter de sang froid le même professeur qu’il avait sauvé quelques mois plus tôt, pour trahison. Il est ensuite arrêté, puis sommairement jugé, il parvient toutefois à s’évader et à rejoindre le territoire américain sous le nom de Kelly Brian. C’est par accident, lors d’une chute de ski, qu’il rencontre Jason Fly, fils d’un journaliste communiste, et se noue d’amitié avec lui. Les deux garçons l’ignorent alors, mais leur profil subversif intéresse alors de près le FBI et la CIA, à la tête de laquelle se trouve un dénommé Frank Giordino…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Incroyable ! Après plus de 25 ans de suspens, XIII sait enfin grâce à cet album qui il est réellement ! Revenons tout d’abord aux origines de cet opus très particulier. Lorsque Jean Van Hamme a annoncé qu’il allait arrêter sa série culte XIII, Yves Schlirf, directeur éditorial chez Dargaud, a cherché à tout prix un moyen de prolonger la sauce, ne serait-ce que d’un album. Il l’a trouvé en la personne de Jean Giraud, alias Mœbius, l’un des derniers monstres sacrés encore vivant du 9e art, le seul qui puisse décider Van Hamme à écrire un album de plus. Cet avant-dernier opus est donc certes un coup médiatique (et mercantile), mais avec une saveur particulière. Car non seulement il apporte toute la lumière, précise, cohérente et palpitante, sur l’identité de XIII, mais il est ancré par un Van Hamme en forme, au cœur du conflit civil irlandais, ici évoqué en profondeur. En prime, l’album est somptueusement dessiné par un Giraud qui n’a pas volé sa renommée. Bien que réaliste, le style graphique de ce dernier, à mi-chemin de celui de Blueberry et de l'Incal, n’a certes rien à voir avec celui de William Vance, dessinateur officiel de la série. Néanmoins l’histoire en flashback qui y est développée est une parenthèse inscrite chronologiquement en amont du premier album, le Jour du soleil noir. Ce biais permet d’éviter habilement toute rupture visuelle et de déguster une fois de plus le talent d’un Mœbius décidemment toujours vert. En outre, Vance renvoie en quelques sortes l’ascenseur à Giraud, qui l’avait lui-même laissé dessiner deux Marshall Blueberry au début des années 90. Un volet indispensable à la compréhension du Dernier round qui sort conjointement…