L'histoire :
Nous sommes en mai 1917 et la terrible expérience du Chemin des Dames a marqué les esprits. La mort d'Armand a débouché sur l'arrivée d'un nouveau sergent, dont l'autorité qui frise l'absurde et la réputation de risquer la vie de ses hommes cassent le moral des troupes. Au point de voir un des soldats fabriquer un mannequin à l'effigie du sous-officier, ce qui déclenche sa colère. Lors de l'offensive contre la caverne du dragon, Jules et Victor ne reviennent pas. Ils ont été faits prisonniers par les allemands et emmenés dans le camp de Crossen. A leur grande surprise, ils sont transférés vers une ferme au milieu de la campagne. En ce lieu, ils vont servir d'ouvriers pour que la jeune femme qui a perdu son mari sur le champ de bataille puisse continuer de produire la viande qui nourrit l'armée. Loreleï les traite avec le plus grand respect, tandis que les soldats qui les surveillent leur infligent de sévères punitions au moindre écart de comportement. Jules rencontre Steven, un anglais lui aussi en travail forcé. Une amitié va naître qui perdurera au delà de la guerre. Tout comme le souvenir étrange des moments vécus, de cette maison perdue dans un pays étranger...
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Pour la première fois depuis le début de cette saga historique, Corbeyran emmène quelques uns de ses soldats hors du champ de bataille, après qu'ils ont été faits prisonniers par l'ennemi. Il renonce également aux aller-retours entre les tranchées et la vie du village d'origine de Maurice et les autres. Une dynamique très différente et beaucoup plus classique que les tomes précédents, et pour tout dire bien moins surprenante. Il reste le suspense autour de Steven et Jules, deux hommes qui se retrouveront quelques années plus tard, comme on l'apprend dès les premières pages. Mais avec le champ de bataille relégué presque au second plan, et aucun fait d'armes majeur au cœur du récit, le scénariste nous propose presque une sorte de pause dans la tension dramatique de sa série. En dehors des très belles et dramatiques illustrations attribuées au soldat Maurice, l'équipe de dessinateurs constituée par Etienne Le Roux et Jérôme Brizard livre de son côté un travail fouillé mais classique, tout entier au service du récit. On est désormais impatients de voir comment vont s'orienter les deux tomes qui restent à paraître. La conclusion d'un projet grand-public réussi sur la Grande Guerre en bandes dessinées.