L'histoire :
La troupe du caporal Armand a été choisie par les officier pour une sorte d'attaque-suicide contre une position allemande. Il s'agit de traverser une plaine à découvert pour aller s'installer sur un promontoire, et de là, tirer sur tout soldat ennemi qui bougerait. Pendant ce temps, le gros des troupes françaises prendrait l'ennemi à revers et par surprise, et établirait une brèche dans la ligne de front. La veille de l'attaque, le groupe d'amis est occupé à creuser des tranchées, tout en discutant des dernières nouvelles reçues du village. Maurice reste plongé dans son carnet à dessins, ne voulant pas montrer à ses compagnons les plus personnels d'entre eux, ceux qui lui permettent de s'évader. Armand est tiraillé entre l'envie de protéger ses hommes et ses amis d'une mort quasi certaine, et le sens du devoir, le rôle dont le lieutenant a su le convaincre, lors d'une discussion d'homme à homme. Pierre, Jules et les autres font finalement confiance à leur camarade devenu gradé, et le lendemain matin, avant le lever du soleil, ils vont s'avancer arme au poing, après avoir écrit à leur femmes. Cette journée va laisser des traces dans leurs esprits, qui iront bien au-delà de cette année 1915 qui ne fait que commencer...
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
La saga mémorielle de Corbeyran poursuit son déroulement remarquable et fascinant, combinant avec brio les époques, les histoires personnelles et les mortelles étapes de la guerre. Petit à petit, le scénariste introduit au cœur des années de combat les conséquences de ce que les hommes ont vécu avant la mobilisation, et nous laisse entrevoir ce que chacun pourra être devenu après l'armistice. C'est assez bluffant d'efficacité, le jonglage entre les époques s'exécutant avec un naturel confondant, tandis que le caractère des soldats devient de plus en plus fort, présent, révélant petit à petit des failles parfois intimes. Etienne Le Roux et ses comparses – Loic Chevallier et Jérôme Brizard – apportent au récit une belle densité, le trait classique et puissant de Le Roux donnant vie à des scènes de violence paroxysmiques terrifiantes. Le point culminant de l'album laisse sans voix, les deux auteurs combinant leurs talents de manière rare. Avec ce troisième tome, Corbeyran confirme qu'il réalise probablement son travail le plus accompli. On n'imagine pas un instant que la série puisse décevoir, tant elle dégage de force, et tant le concept semble maîtrisé. Prochain volume en septembre 2015, pour une saga en 10 tomes qui nous accompagnera jusqu'à 2018.