parution 23 août 2023  éditeur Delcourt  collection Encrages
 Public ado / adulte  Mots clés Chronique sociale

À l'arrêt

Sandra témoigne de ses mois en tant que travailleuse sociale en milieu carcéral. En marge du comportement souvent pénible des prisonniers, elle fait le constat amer qu’on enferme certains plus facilement que d’autres, généralement pour de petits délits.


À l'arrêt, bd chez Delcourt de Ndiaye, Debomy, Adès
  • Notre note Yellow Star Yellow Star Grey Star Grey Star

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  • Scénario Yellow Star Yellow Star Grey Star Grey Star

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  • dessin Yellow Star Yellow Star Grey Star Grey Star

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©Delcourt édition 2023

L'histoire :

Sandra, 30 ans et métissée, est travailleuse sociale dans une prison, où elle est chargée d’apporter la culture aux prisonniers. Elle y organise des ateliers d’écriture, des mises en scène de spectacle, elle crée du lien, tente de contrer les baisses de motivations. Elle habite évidemment à l’extérieur, donc à chaque fois qu’elle s’y rend, elle doit passer une grosse quantité de portes blindées, de contrôles de sécurité, de barrières… Et elle se retrouve chaque jour enfermée dans l’enceinte sombre et austère du milieu carcéral. Elle se décrit avec des origines ethniques et religieuses variées, mais surtout française et laïque. Ses études littéraires et ses voyages dans les pays africains lui ont forgé son indignation autour du cruel et inégal droit du sol. Et en France, elle a pris conscience que le « mal » n’est pas toujours où l’on croit. « Il n’est pas toujours nécessaire de voler, arnaquer, profiter ou mentir pour finir en prison. ». Aujourd’hui, elle est heureuse de croiser un ancien détenu en train de faire la danse de la joie sur le palier de sortie. Elle lui souhaite « bonne chance », plutôt que « bon courage » pour la difficile réinsertion…

Ce qu'on en pense sur la planète BD :

A travers ce petit ouvrage de la collection Encrages de Delcourt, Sandra Ndiaye témoigne de ses mois de travailleuse sociale au sein d’une maison d’arrêt parisienne, avec l'aide au scénario de Frédéric Debomy. Son quotidien se ponctue au rythme immuable des contrôles, des ateliers culturels et des régulières désillusions quant à l’efficacité de sa mission. Après une phase de présentation d’elle-même et du cadre, une large première partie d’album dépeint factuellement l’obstruction ordinaire des prisonniers vis-à-vis de ses ateliers, leurs comportements souvent délétères ou contre-productifs, ou encore ses relations mitigés avec les autres employés pénitenciers, plus que le « contenu » de son job à proprement parler. Puis elle propose quelques réflexions autour de l’incarcération telle qu’elle est pratiquée en France. Elle s’appuie pour cela sur un ouvrage de 2015 de Didier Fassin, L’ombre du monde, une anthropologie de la condition carcérale. Et elle en reprend des analyses édifiantes, qui vont au-delà de son témoignage : « Les crimes ne représentent que 2% des condamnations à l’emprisonnement ». Presque toutes les incarcérations concernent des infractions récentes qui relevaient jadis de simples amendes. « Depuis que les prisons existent, ce sont les milieux populaires qui les ont peuplées. La dimension raciale est un trait nouveau de la démographie carcérale, qui se conjugue à de plus anciens comme la précarité économique, la ségrégation spatiale, le sexe masculin et le jeune âge ». Au final, le message est clair : c’est la petite délinquance qu’on enferme aujourd’hui ; et c’est sans doute, hélas, le meilleur moyen de la favoriser. « Les délits commis par les catégories aisées, comme la délinquance financière et l’évasion fiscale, bénéficient de mansuétude ». Benjamin Adès met en images ce témoignage à l’aide d’un trait encré réaliste académique et impersonnel, mais efficient ; sa marge de manœuvre était étroite.

voir la fiche officielle ISBN 9782413046752