L'histoire :
RG Cactus, en plus d’être un peintre dont la réputation n’est plus à prouver, a la particularité d’être… un cactus humain. Cette particularité physique infuse son œuvre, faite de paysages et de portraits teintés de la couleur verte. Alors qu’il doit finaliser une exposition de ses œuvres à Paris, Cactus part pour l’Italie, terre de sa jeunesse, à la recherche de son inspiration perdue. Au gré de ses déambulations dans les rues d’Alessia et de Capri, il retrouve ses anciennes muses, elles aussi déprimées par les effets visibles de la vieillesse, contrairement à Cactus sur qui le temps qui passe n’a pas d’effet. Mais sa rencontre avec un jeune napolitain terre à terre, lui fait relativiser les affres qui l’angoissent, pour jouir des petits plaisirs qu’offre la douceur d’un été transalpin.
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Avec Alessia, Zidrou, le scénariste de La Bête et de l’Adoption propose une déambulation mélancolique dans une Italie d’après-guerre, faite de verres en terrasses et de baignades nues dans une mer turquoise. Sa réflexion sur le temps qui passe, à travers les yeux d’un peintre dont les œuvres figent le temps et ses sujets sur la toile, est d’une poésie aussi apaisante que déprimante. Elle nous rappelle le travail du cinéaste Paolo Sorrentino (Youth, La Grande Bellezza). Le dessinateur David Merveille illustre parfaitement le coté carte postale voulu par Zidrou, avec ses dessins lignes claires quelque peu désuets. Que ce soit dans les scènes intimistes ou dans les scènes de foules, Merveille ne lésine pas sur la palette de couleurs et nous immerge dans une Italie dont on sentirait presque les odeurs de grappa et d’iodes mêlés. Mais au-delà de cette réussite visuelle, Alessia demeure quelque peu ennuyeux. La contemplation d’un monde qui se finit ne parvient pas à captiver tout le long du récit. Dépassée la surprise initiale, le choix d’avoir fait de son personnage un cactus humain, n’apporte pas grand-chose au récit et parait autant arbitraire que poseur. Au final, Alessia se laisse lire agréablement et se savoure visuellement, avant d’être oublié comme un songe au réveil.