L'histoire :
Après une aventure mouvementée en Colombie, Albane est envoyée au Brésil afin d’aider une exploitation à produire un café d’exception sur des critères bien précis. A l’aéroport, la jeune française rencontre Hernan, un producteur de café brésilien qui propose de lui faire visiter sa petite exploitation. Sur les lieux, l’euphorie de la rencontre laisse place à la désolation. Les champs de caféiers ont été dévastés par les flammes. L’associée d’Hernan, Estrella n’a pas de doute sur les circonstances du désastre et fait part de ses suspicions envers M. Mallaret, le directeur d’Albane. Effectivement, après le refus de la dernière proposition d’achat de la société d’Albane, Ethic Café, l’enfer s’est abattu sur les deux brésiliens. Après l’empoisonnement des Jacus, un oiseau friand de grain de café dont la digestion de ces derniers apporte un goût incomparable au café, la tentative de spéculation sur le prix du café à la bourse, et enfin l’incendie criminel, les producteurs pointent du doigt l’entrepreneur français. De son coté, Albane est en plein doute. Jusqu’au moment où elle goûte le café d’exception de nos deux compères et qu’elle se rend compte que sa mission au Brésil est de copier ce breuvage...
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Au scénario, Eric Corbeyran et Vanessa Postec, nous livrent une intrigue cohérente par rapport au tome précèdent, en ajustant le zoom sur un thème extrêmement malin. Sous couvert d’une société qui promeut l’équité du marché, le directeur n’hésite pas à user de technique des plus radicales pour s’approprier les meilleurs crus au meilleur prix, dont l’utilisation « marketing » du terme « éthique ». C’est sur ce point que les auteurs jouent une carte intéressante dans leur scénario : la manipulation des consommateurs par des termes vendeurs. Effectivement, les termes « éthique » et « marché équitable » sont à classer, au même titre que le « Bio », avec une étiquette ornée du mot escroquerie. Dans la plupart des cas, le schéma de vente est le même, l’enrichissement des intermédiaires, la précarité des producteurs et la satisfaction du consommateur qui se gargarise d’un terme qui n’est relié à aucune réalité de marché, et ce, jusqu’à retrouver de l’huile de palme dans des produits estampillés « Bio ». Comme dirait le regretté Coluche : « J’me marre ! ». Luc Bahy est au dessin. Comme pour le tome précédent, la végétation est très bien mise en avant avec de jolis détails. La colorisation de Cyril Saint-Blancat n’est pas sans reste, avec de très jolies couleurs, tournant beaucoup autour de l’orange, représentant le feu, les façades ou encore la pulpe des fèves. Un petit clin d’œil à un procédé plutôt intéressant, qui est l’utilisation des couleurs pastels pour les planches évoquant le passé. Somme toute, Alto Plano est une série intéressante et très bien illustrée, sur un produit de consommation phare.