L'histoire :
La belle Naily est suspendue dans le vide pour être dévorée : on lui reproche ses convictions rebelles et anti sociales. On lui laisse toutefois une dernière chance, si elle accepte de renier ses déclarations tapageuses. Naily affirme donc qu’elle s’est trompée : le soleil tourne bien autour du royaume des Mille Mers. Elle doit également affirmer que le Moonark est un être digne de confiance, que l’on doit respecter par-dessus tout. Naily est donc graciée, mais elle subit toutefois un châtiment exemplaire : elle est bannie du royaume de Pah Naari. Pendant ce temps, un livreur étourdi et naïf vient donner un magnifique tapis à sa cliente. Cependant, cette dernière devient folle de rage : la marchandise est recouverte de poils et même d’excréments. Elle refuse donc de prendre le tapis et Aniss, le livreur, doit alors trouver un nouveau travail. Tout est de la faute de son chien qui n’en fait qu’à sa tête et qui s’est allongé sur la livraison. Aniss se rend alors à Kharr Pett, la capitale du tapis, pour trouver un nouvel employeur…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Le « vétéran » et éclectique Corbeyran propose ici un album plein de fantaisie et de légèreté, prometteur pour la suite. Entre le conte et l’heroïc-fantasy, l’histoire est une plongée sidérante dans un monde autre. L’exotisme est superbement assuré par le dessin très sûr d’Olivier Milhiet : expressivité des personnages, dynamisme des cases, décor superbe. La beauté de Pah Naari est aussi due à sa coloration pleine de douceur et de finesse, le tout rappelant le magnifique travail de Thierry Ségur dans le même registre. L’intrigue se met petit à petit en place, Corbeyran privilégiant d’abord la description de ces personnages. Ainsi, on suit le cheminement croisé de Naily et d’Aniss, en se demandant comment vont se réunir ces deux histoires. Finalement leur route se croise en un destin commun des plus surprenants. Si les images sont de véritables évasions des sens, Corbeyran donne également corps à cet univers à travers des terminologies dépaysantes, souvent extrapolées de notre langage (le roi de ce monde est tout logiquement le « Moonark »). L’humour n’est jamais très loin et offre un très bon divertissement à la lecture. Aniss, le personnage principal de l’histoire, n’est vraiment pas dégourdi et va se retrouver malgré lui dans des situations qui le dépassent. On reconnaîtra également quelques parodies fines de grands récits, tel que Ali baba et les 40 voleurs. Le tout est superbement orchestré, parfait équilibre entre une narration de qualité et une illustration superbe. Ce récit hybride est très original et va plonger ses lecteurs dans une histoire passionnante et pleine de trouvailles. Carpe diem !