L'histoire :
Madeleine et Antoine vont avoir leur premier enfant. Antoine est confiant, il sait que sa douce saura faire parce que c’est son métier. La grossesse de Madeleine se passe sereinement, elle continue d’accompagner ses patientes jusqu’au jour où c'est son tour de se reposer. Justement? elle comprend ses patientes, la fin est éprouvante, elle en a marre mais heureusement le fameux jour approche. Finalement Madeleine réclame une péridurale. Antoine ne comprend pas. Elle qui n’en voulait pas... Admettons ! Elle a été déclenchée, tout ce qu’elle ne souhaitait pas non plus. Décidément rien ne se passe comme prévu. Mais ce n’est pas grave, son fils est le plus beau des bébés, bien entendu ! Ça y est, ils sont trois. Madeleine est sur un petit nuage, elle ne se lasse pas de regarder son petit dormir. Elle souffre un peu en l’allaitant, mais ses amies et collègues sont là pour la guider. C’est rassurant de se sentir entourée. La première nuit est difficile. Pourquoi pleure t-il sans cesse ? Mado est épuisée, elle commence à ne plus avoir les idées claires et se sent triste et dépassée. Elle sait que sa vie ne sera plus jamais la même. Désormais, ce petit bonhomme dépend d’elle… C’est comme si elle était reliée à lui par un fil invisible, comme si le cordon n’avait jamais été coupé. Elle ne parvient pas à mettre en application ce qu’elle conseille à ses patientes. Et puis les réseaux sociaux débordent de mignonneries et de mères parfaites. Foutaise ! Elle savait tout ça, pourtant ! Elle était préparée ! Mais quand c’est son enfant, c’est différent… parce que la maternité ça ne s’apprend pas dans les livres, ça se vit !
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Mademoiselle Caroline et Anna Roy nous livrent un récit poignant et drôle sur la maternité, ponctué de petits messages forts. Mademoiselle Caroline, souvent autrice complète, mais ici uniquement dessinatrice sait traiter les sujets graves avec une pointe d’humour. Anna Roy est la sage-femme phare de l’émission La Maison des maternelles. On apprécie son côté sans fioriture, elle appelle un chat, un chat. Ensemble, elles évoquent les difficultés du post partum qui est bien plus long qu’on l’imagine. Le titre est fort de sens « Année Zéro », c'est l'année où on fait une croix sur sa vie sociale, sur son énergie, sur sa libido. Le cumul de la fatigue, l’ascenseur émotionnel, la chute d’hormones peuvent conduire au zéro moral également. Elles mettent l’accent sur cette épreuve (oui oui) pour le couple. Elles dénoncent aussi la « bienveillance » de l’entourage. Les innombrables conseils peuvent faire paniquer ou culpabiliser les jeunes parents. Tétines ou pas ? Laisser pleurer ? On entend inlassablement les mêmes choses depuis des années, les gens rabâchent. Et on ne parle même pas des recommandations foireuses de belle-maman. Si ça avait marché sur son fils, on le saurait (non mais !). Même pour une femme médecin, la vraie vie a ses limites. Madeleine en est la preuve, elle est cette fois confrontée à la pratique qui la change de sa théorie quotidienne. D’ailleurs sa vision de son travail en est toute chamboulée après son retour de congé maternité. Il y a aussi ceux qui confondent parentalité et compétition, comme si l’éducation était une course. Elles accusent les diktats de la parentalité véhiculés par internet. La pression parentale est forte (Montessori et compagnie...). Caroline et Anna font aussi un pied-de-nez aux polémiques sur l’allaitement en public en illustrant Mado qui se fait reprendre devant un tableau dans un musée alors qu’il regorge de toiles exposant des corps nus, souvent féminins. Pour finir, elles mettent l’accent sur le manque d’accompagnement des parents, engendré essentiellement par une carence de personnel dans les hôpitaux. Et si être un bon parent, c’était simplement aimer ses enfants ?