L'histoire :
Depuis toujours, Annie était une petite fille craintive… ou timide, selon le point de vue de certains de ses proches. Elle se mettait en général en retrait de ses camarades et pleurait souvent, dès lors qu’elle devait faire face à quelque chose d’inhabituel… Devait-on attribuer cette peur maladive à sa tante Chantal, qui avait tendance à parler de trop près, d’avoir mauvaise haleine et de crier extra fort quand elle parlait ? Toujours est-il que pour arrêter les flots de larmes, il n’y avait qu’une seule chose à faire : la mettre au milieu de ses peluches. Là, immédiatement apaisée, Annie retrouvait une quiétude absolue. Mais à l’école, elle ne pouvait rester en permanence entourée de ses nin-nins… et personne ne voyait de solution à ce problème. Et puis un jour, Annie a découvert qu’elle bénéficiait d’un super pouvoir. Cela s’est passé à la boulangerie. Annie était toute seule dans la file des clients, tandis que son papa attendait dans la voiture garée devant. Elle était pas à l’aise : les gens poussaient ou doublaient et même la boulangère n’y mettait pas du sien. Aculée dans sa peur panique des autres, Annie se concentra très fort et alors, soudain…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Ce qui interpelle en priorité dans ce petit album jeunesse (32 planches), c’est qu’il s’agit d’une histoire pour enfants, dessinée à l’aide d’un graphisme hyper glauque, emprunt d‘art moderne, largement torturé… Voilà un concept original, assurément voulu et assumé par Jean-David Morvan et Nicolas Nemiri. Ensemble, ces deux auteurs ont déjà publié le diptyque Je suis morte, dans un mode graphique semblable : l’histoire d’une petite fille (elle aussi) dotée d’un super pouvoir tout particulier : celui de mourir. Ici, sans le dévoiler, le pouvoir d’Annie est beaucoup plus rigolo et léger. Toutefois, même en tant qu’adulte, on ne peut s’empêcher d’éprouver un sentiment de malaise au beau milieu de ces cases torturées, aux teintes dures. Rien que la tronche des nin-nins risque de donner des cauchemars aux jeunes enfants qu’on nourrit d’ordinaire avec les figures simples et avenantes de Dora, Cendrillon ou Petit Ours Brun. Si la forme apostrophe, le fond de cette histoire (très) courte demeure pourtant tout à fait adapté à la cible. Au-delà de l’histoire finalement gentillette qui nous est proposée, les auteurs posent donc une question originale : à quel âge peut-on initier les enfants à la notion du beau, de l‘art et de l’effet visuel ?