L'histoire :
Deux types boivent un coup en terrasse d’un café, en se fichant de la poire du mec de Mélanie. Celui-ci joue aux jeux vidéo, avec les figurines et la grosse manette à boule et tout le tintouin… alors qu’il n’est même pas sur Facebook ® !
Casque vissé sur la tête, position immobile bien face à l’écran, deux types sont voisins dans une salle de jeu vidéo en réseau. L’un semble un peu paumé dans cet univers et ne cesse de demander à l’autres des trucs et astuces pour faire progresser son avatar. Au fil de « l’assistance », le mode d’emploi se complexifie, et leur parcours est perturbé par les invectives fleuries d’un troisième joueur hors champs…
A l’heure de passer à table, un père vient chercher son fils dans sa chambre, alors qu’il est absorbé par un jeu vidéo. Compréhensif, le paternel jette un œil sur l’écran et reconnaît un jeu de sa jeunesse : Street Fighter 8. en souvenir du bon vieux temps, il se laisse séduire par un petit combat virtuel avec le fiston. Une partie s’engage, qui dure, qui dure… et qui tourne mal…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Autant on apprécie Bastien Vivès lorsqu’il se livre à des exercices séquentiels novateurs (Dans tes yeux, Polina) ou disjonctés (Les melons de la colère), autant la partition proposé par ce Jeu vidéo semble surfaite. L’intention est pourtant sympatoche, qui propose de singer et décortiquer les comportements sociaux ridicules des geeks et gamers, lorsqu’ils sont absorbés dans leurs mondes virtuels. Mais le propos tourne court : au bout du troisième sketch où des joueurs s’échangent néologismes anglicistes et tchatches fleuries, on a bien pigé que le jeu vidéo utilise un code djeunz en perpétuel mouvement et suscite des pics d’énervement aussi violents qu’impromptus. Surtout, visuellement, Vivès abuse. Par le truchement du copié-collé informatique, il y a assurément dans ce petit bouquin souple, au format manga, plus de pages que de dessins réels, aux traits minimalistes et en noir et blanc. Certes, montrer quelqu’un qui joue aux jeux vidéos, dans une position assise face à un écran, ne nécessite effectivement pas de varier beaucoup la scène, sur le plan visuel. Evidemment, ces strips humoristiques furent pré-publiés sur le blog de l’auteur… un support qui réclame une mise à jour quotidienne, donc pas forcément très poussée. Bref, Vivès débute ici, pour la collection Shampooing de Delcourt, une série ambitieuse d’« études sociologiques contemporaine », à l’image de ce que fit magistralement Roland Barthes avec son Mythologies… mais en BD et sans prétention. Les thématiques à venir sont La famille, L’amour et La blogosphère.