L'histoire :
Etienne est un artiste, pianiste doué, qui accueille sa bande de potes dans un studio petit et mal rangé. Si bien que tous pensent qu'il ne parvient pas à vivre de sa musique. Aprés tout, c'est le cas de beaucoup d'artistes, et sa situation devient un sujet de moqueries gentilles, tout comme son surnom de Gro, depuis l'enfance. Pourtant, Etienne Gro est un grand nom de la scène classique. Le jeune pianiste est devenu célèbre, il a fait de son surnom idiot un pseudo de tête d’affiche qui se produit partout en Europe. Il ne vit plus depuis longtemps dans le studio pourri, mais il ne parvient pas à avouer la vérité, il n'ose pas briser les habitudes de sa bande d'amis. Bientôt, il sera lui-même confronté à une série de mensonges avec les plus proches d’entre eux. Baptiste qui squatte sans arrêt chez lui va mentir sur son boulot, Oscar va se marier tout ayant maladivement besoin de liberté, et bien d'autres encore. Le mariage qui se prépare fait monter la tension dans ce groupe de potes trop parfait.
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Avec cette bande de « Best Friends Forever », Thomas Cadène et Joseph Saffieddine construisent un récit très ancré dans son époque. Les tics de langage, les chansons à tue-tête dans la voiture, mais aussi une certaine forme d'individualisme ou d'égoïsme en bande appliquée à des trentenaires citadins. Tous ces secrets qui se dévoilent petit à petit n'ont finalement rien de très original. On peut sans problème s'appuyer dessus pour faire sa propre introspection. Le ton est moderne comme peuvent l'être les albums de Jim, mais sans le côté romantique, ni les jolis décors. C’est du théâtre plus que du cinéma, tant les conversations prennent toute la place ; Clément Fabre n’ajoute un semblant d'arrière-plan que lorsque c’est strictement nécessaire, comme des vêtements sur des cintres pour comprendre qu'on est dans un magasin. Qui plus est, et malgré un impressionnant nombre de pages, on ne plonge pas vraiment au cœur des personnages. C’est peut-être voulu, mais dans ce cas c’est très pessimiste. C’est probablement là que les auteurs veulent en venir : la description très actuelle d’une certaine vacuité sociale entretenue et rassurante.