L'histoire :
Ce jour là, Oscar a emmené son petit frère au cinéma : on y joue Cosmos 3 et c’est le super-héros préféré d’Elias. Pour l’occasion, le gamin a mis sa cagoule spéciale Cosmos… mais Elias ressort déçu : les scénaristes ont tout exagéré pour plaire au public, car en vrai, Cosmos ne tue pas les méchants et il n’a pas de rayon gamma. Car en cette ère, Cosmos existe vraiment et il protège la population des « émergences », c'est-à-dire des mutations fulgurantes, monstrueuses et aléatoires d’êtres humains. Or ces derniers temps, les émergences se produisent de plus en plus régulièrement dans la ville : environ une par semaine. Oscar et Elias rentre chez eux, où ils retrouvent leur grand frère Virgile, en train de draguer Bria. Mais dans l’appartement, une surprise de taille les attend : ils trouvent Cosmos – le vrai – blessé et inanimé ! Second effet kiss-cool : quand ils retirent sa cagoule, ils découvrent que Cosmos, c’est leur père ! Afin d’éviter les services sociaux ou de révéler l’identité du super-héros, dans un premier temps, ils essaient d’enlever un docteur. Mais ils ne sont pas doués… Alors ils abandonnent leur père, toujours plongé dans le coma, devant l’entrée des urgences. Puis, grâce à Bria, ils trouvent un double fond derrière la penderie et accèdent au QG tout minable de Cosmos. Sur un écran d‘ordinateur pourri, une date et un horaire : celle de la prochaine émergence…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Plus connu dans la blogosphère sous le nom de l’Esbroufe, Rémi Gourrierec propose ici le premier volume d’un récit « de genre » dynamique et réjouissant, bien en marge des stéréotypes. Tout d’abord, le format d’édition colle au registre du manga : un petit format souple, un découpage 7 chapitres et un graphisme noir et blanc, avec des niveaux de gris en trames de points. Le dessin se rapproche également du manga, montrant un style caricatural précis, avec parfois un max de profondeur sur les scènes clés (les scènes d’action, la découverte de Cosmos inanimé dans la cuisine). La thématique des super-héros, absorbée puis recrachée avec beaucoup de peps, est quant à elle évidemment directement inspirée des comics. Le décorum du récit pourrait être le notre, urbain et contemporain, à cela près que des phénomènes fantastiques se produisent – les « émergences », des mutations génétiques fulgurantes – et qu’un super-héros patrouille pour systématiquement les neutraliser. Mais tout cela n’est qu’un châssis captivant, que nous découvrons progressivement au fil des 192 pages de ce premier tome. L’intrigue se concentre, elle, sur l’héritage involontaire d’une mission de protection de la population, que les enfants de Cosmos se mettent en tête d’assumer… alors qu’ils n’ont pas vraiment de super capacités (mais le paternel en a-t-il réellement ?). Il y a donc de l’action en pagailles, quelques palabres de djeunz (plus superflus) pour teinter le tout d’un brin d’humour, un vague fond de quête initiatique et surtout beaucoup de suspens, de pistes de développements potentiels. Qu’est-ce qui produit les émergences ? Qui sont les ennemis ? En incrustant des séquences inattendues, Gourrierec impose une narration séquentielle piquante, avec une gestion maîtrisé du suspens et du cliffhanger. L’attachement pour les personnages monte au grès de leur sens des responsabilités. Le plus jubilatoire est sans doute que le personnage de Cosmos, pourtant au centre de tous les débats, brille par son absence. Répondra t-il présent dans les opus à venir (2 autres nous sont déjà promis pour 2012) ?