L'histoire :
Martha Jane, alias Jane, joue avec ses frères et sœurs. Elle incarne le chasseur, et ils sont les animaux. Dans une ambiance bon enfant, où les éclats de rire fusent, Jane profite de ces moments de complicité. Elle est la plus âgée de la fratrie, elle a onze ans. Mais ce moment est interrompu par la sortie sur le perron de leur plus jeune sœur, Sara. L'enfant est malade depuis des jours, et son état empire. Elle est brûlante de fièvre. Alors, ils lui préparent une nouvelle infusion, même si celle-ci n'a pas l'air de faire beaucoup d'effet. C'est la seule chose qu'ils peuvent faire. Leur mère est décédée, et leur père est parti chercher Léna dans sa famille d'accueil. Ce voyage qui ne devait durer qu'une semaine s'éternise, laissant les enfants livrés à eux-mêmes, sous la houlette de Jane. Débrouillarde depuis qu'elle est toute petite, elle parvient à s'occuper d'eux comme une adulte, mais cela lui pèse. Pourquoi ne peut-elle pas profiter de l'insouciance de l'enfance ? Pourquoi son frère ne l'aide en rien sous prétexte qu'elle est une femme et qu'elle doit effectuer les corvées ? Et puis, il y a cette Indienne, qui passe son temps à les observer depuis le jardin. Jour après jour, elle se rapproche un peu plus de la maison. Jane doit réussir à maintenir cet équilibre précaire, à nourrir sa fratrie, s'occuper de la ferme, tout en prenant soin de sa plus jeune sœur très malade.
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Jane doit vivre une période intense, fatigante. Son père ne revient pas, et elle doit prendre soin d'une famille nombreuse, alors qu'elle n'a que onze ans. Heureusement, sa débrouillardise et sa force de caractère, lui permettent de tenir la barre. Pour ce premier tome d'une série jeunesse revenant sur le destin de Calamity Jane, Adeline Avril signe son premier titre de bande dessinée, en tant qu'autrice complète. Et l'on peut dire que c'est une réussite. Les illustrations sont très agréables, et nous plongent dans le grand Ouest américain avec une pointe de modernité. Les personnages sont très expressifs. Ils ont chacun leur caractère et l'on s'attache très vite à eux. Côté scénario, nous découvrons une partie de l'enfance de Martha Jane Cannary, authentique personnalité de la Conquête de l'Ouest et mythe du western. Nous comprenons rapidement la débrouillardise qu'elle possède alors qu'elle est encore enfant. Elle réussit à gérer des situations réservées d'ordinaire aux adultes, et sait s'affirmer quand il le faut. Elle remettra d'ailleurs en question les propos tenus par son frère sur la place des femmes en société, et portera des pantalons (une pratique qui était à l'époque interdite aux femmes !). Ces quelques actes, mis en lumière dans l'album, sont annonciateurs de son engagement féministe. On découvrira également une adolescente dévouée pour sa famille, faisant passer les siens avant son propre bonheur, mais qui reste éprise de liberté. Un premier tome prometteur, qui se lit facilement, et qui ne nécessite aucune connaissance sur le personnage de Calamity Jane pour passer tout de même un très bon moment de lecture.
