L'histoire :
La neige tombe sur la maison isolée en forêt où vit Capuche. L’adolescente vit la plupart du temps seule dans cette belle et moderne demeure : sa mère est décédée et son père a une vie professionnelle extrêmement prenante… mais avec des revenus très confortables. De fait, plutôt que d’envoyer Capuche à l’école, il lui paie des cours particuliers à domicile ! Son tuteur actuel, Mr Ortiz, est d’autant plus sévère et désagréable, que Capuche est rarement concentrée et douée pour les études. Elle s’enferme souvent dans ses pensées, dans son mal-être intérieur, son sentiment d’abandon… Capuche est néanmoins autonome. Une fois par semaine, elle part à pieds pour rendre visite à la seule personne qu’elle aime : sa grand-mère, en ville. Elle lui apporte généralement un gâteau de carottes qu’elle a elle-même confectionné. Capuche est végétarienne, par conviction : elle refuse de faire le moindre mal aux animaux. Or ce jour-là, tandis qu’elle traverse la forêt qui la mène à la ville, elle repère d’inquiétantes traces de sang sur la neige. Sans doute un animal s’est-il blessé. Les traces la mènent jusqu’à une baraque abandonnée. Elle y pénètre, jusque dans la cave, où elle trouve… un loup ! Ce dernier tente de se remettre d’une blessure causée par un chasseur. Trop faible, le loup n’a pas la force de s’en prendre à Capuche… qui lui panse ses blessures et lui pose un bandage. L’adolescente lui offre ensuite un peu de nourriture. Dans cette aide généreuse et désintéressée, elle trouve soudain un sens à sa vie…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Une jeune fille vêtue d’un chaperon rouge, qui traverse une forêt hantée par un méchant loup, pour aller apporter quelques victuailles à sa mère-grand, ça ne vous rappelle pas vaguement quelque chose ? La relecture du célèbre conte de Perrault est ostensible, mais le scénariste Oscar Martin étend aussi et surtout l’exercice de la déclinaison à une dimension de thriller psychologique. Cette Capuche blanche est ainsi avant tout l’allégorie d’une relation toxique, façon conte moderne. A l’aube de sa majorité, poussée par l’équation terrible de deux pulsions – l’amour de soi et le sentiment d’abandon – Capuche s’englue en effet dans une relation de dépendance vis-à-vis d’un… loup. Oui, un vrai loup, carnivore et méchant, mais qui parle, disserte, menace et manipule, tel un pervers narcissique. Ne prenez pas au premier degré cette fable, c’est une allégorie, qu’on vous dit. D’ailleurs Martin conte cela en grande majorité par le biais d’encadrés narratifs au verbe soigné et élégant… certes un peu bavards et qui passent par bien des circonvolutions dispensables. Les fables les plus courtes sont sans doute les meilleures. Pas grave, cela nous donne l’occasion de profiter du trait ultra dynamique de Tha, un auteur espagnol (de son vrai nom Tharrats i Pascual), bien trop rare, au style jeté relativement proche d’un Cassegrain. Tirez la bobinette et la chevillette cherra.