L'histoire :
En mars 2056, pour honorer son nouveau contrat, Carmen McCallum est en Corse. Pour le compte de son amie Christina Ivanov, elle a accepté de récupérer des documents top-secrets chez son ancien patron, Pascal De Cambre, une pourriture responsable d’un scandale de l’eau qui a coûté la vie à 458 personnes. Elle s’est arrangée pour rejoindre l’île, puis approcher de sa villa, et elle a déjoué l’embuscade tendue par trois de ses hommes. Désormais, après avoir soigné l’unique survivant de ce guet-apens, elle lui tire les vers du nez et s’apprête à passer à la phase finale. Toutefois, ses plans sont contrariés par un évènement inattendu : un ouragan d’une force rarement égalée, l’un des pires jamais provoqués par le dérèglement climatique, se dirige droit sur l’île de beauté. Au même moment, le maire de Moncala, « ose » déranger De Cambre dans sa villa. Il lui explique, avec moult déférences, qu’un barrage en amont de son village menace de céder, en raison de la masse exceptionnelle des précipitations. Il lui demande assistance et protection, au sein de sa luxueuse et solide demeure, pour ses 53 habitants… Ce que De Cambre rechigne à accorder : ces mêmes villageois avaient jadis manifesté contre la construction de sa propriété en ce territoire littoral protégé…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Faut reconnaître, c’est toujours très efficace, Carmen McCallum ! Ce tome 10 poursuit le cycle « de l’eau » entamé au précédent volume, et pour lequel le dessinateur Emem a hérité des crayons de Gess. Emem reprend donc de nouveau le flambeau, de belle manière, à l’aide des encrages réalistes idoines. Le contexte et les protagonistes ont été mis en place : place désormais à l’action… qui se déroulera ici dans une ambiance plus sombre que jamais : hormis deux ou trois digressions dans l’hémisphère sud, tout l’épisode se déroule durant un ouragan particulièrement violent. Par le rythme de l’intrigue et le traitement graphique (ça décoiffe quelque peu…), les auteurs parviennent à accorder beaucoup de tension à cette lente phase d’approche. Un bémol finit toutefois par dénoter avec le ton d’ordinaire très pragmatique de la série : la digression sur les pseudo-pouvoirs ésotériques de Carmen (une Mazzere est une sorte de chamane chasseresse dans la mythologie corse). On apprécie plus volontiers le zest d’humour : l’ouragan qui s’abat sur la Corse s’appelle Tino… Le prochain volet proposera le dénouement de ce cycle météorologique, qui vient astucieusement faire écho aux tomes 9-10-11 de la série parallèle Travis…