L'histoire :
Affalé sur son canapé devant sa téloche, Raf regarde l’émission En terre inconnue. Une vedette française s’y retrouve dans une steppe africaine face à des indigènes qui se moquent de lui, car il est répugné par ce qu’ils mangent au petit-déjeuner : un cœur de chèvre cru. Raf prend aussitôt sa défense : « Ils feront moins les malins quand il faudra prendre le métro ».
Lors d’un dîner entre amis, la discussion tourne autour des œuvres de Michel Houellebecq. Chacun y va de son analyse sur ses titres, ses distinctions, son image publique… Soudain, Raf, qui s’était tu jusqu’à présent, prend la parole : « Et sinon, il a fait quoi comme BD Houellebecq ? »
Un grand cri horrible déchire la maison « Non ! » Mademoiselle Caroline appelle son homme à la rejoindre dans la cuisine, elle est sévèrement en rogne. Raf s’exécute en se demandant où il a bien pu encore merder. Mademoiselle Caroline lui montre l’intérieur du lave-vaisselle qui vient de terminer son cycle de lavage. Et où son homme a mis, à côté des assiettes et des couverts, le balai à chiottes…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Dans ses Carnets d’aventures ordinaires, Mademoiselle Caroline met logiquement en courtes séquences de BD ses anecdotes du quotidien, c’est à dire la plupart du temps ce qui lui arrive en milieu familial ou amical. Evidemment, la première personne qui lui est proche, est son homme. Ce dernier est l’amant, l’ami, le panorama immédiat et récurrent. Et néanmoins, après avoir fait trois enfants avec elle (et oui, on commence à bien connaître sa petite famille), cet homme demeure surprenant, tantôt irrésistible, tantôt décontenançant, un « génie méconnu » comme l’indique l’écriteau en couverture. Et c’est pourquoi elle lui consacre un second volume de ses Carnets. Gageons qu’elle pourra encore le décliner dans un 3ème, voire un 4ème petit recueil plein de peps et d’humour. Certes, la démarche est plus-que-convenue : on ne compte plus les autrices et auteurs qui dépeignent leurs passionnants nombrils en autobiographies sous prétexte d’autodérision. Pour autant, Mademoiselle Caroline sait particulièrement bien saisir l’essence de son homme et mettre en scène son approche cynique et légère sur le monde qui l’entoure. On connait de mieux en mieux Raf (c’est son prénom), l’allure bourrue que lui attribue sa moitié, son vocabulaire fleuri mais explicite. Par sa capacité à analyser l’évidence et à se moquer du superficiel avec pragmatisme, on a franchement envie de s’en faire un pote. Hey l’Homme, on n’irait pas se boire une bière un de ces quatre ?
