L'histoire :
Florent Castineira, surnommé Casti, 21 ans, boit un verre en compagnie d’un ami aux abords du stade de la Mosson, antre du club de football de Montpellier. Le jeune homme, interdit de stade depuis un an, se réjouit de pouvoir recommencer à supporter son équipe en coupe d’Europe. Une échauffourée attire l’attention des deux amis, mais Casti se retrouve à terre, la tête dans une flaque de sang. Les gens paniquent autour de lui. Julien, l’ami de Casti, prévient Anthony Cerveaux, fan de Montpellier lui aussi et journaliste à So Foot, qui devient le premier média à parler de l’affaire. Deux jours plus tard, Casti se réveille au CHU de Montpellier. Sa mère est à ses côtés. Il porte un bandeau sur l’œil. Sa mère l’accompagne voir le docteur qui l’a opéré. Il en ressort tout retourné. Alors que la télévision locale annonce que son œil devrait être sauvé, le médecin vient de lui annoncer le contraire. II sera désormais borgne… Débute pour lui une longue période où les procès vont se succéder, entre le refus de la police de reconnaitre sa responsabilité et la difficulté d’être lui-même reconnu comme une victime…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
En 1990, un professeur en balistique a créé le premier flashball 100% français. A la suite des Etats-Unis, la France développe de plus en plus cette technique qui, selon son créateur, permet d’éviter les bavures et notamment les blessures graves. Le problème, c’est qu’une arme non létale a tendance à être plus utilisée et joue finalement, à contre-emploi, le rôle d’accélérateur de violence. Entre 2009 et 2018, le nombre de tirs de balles en caoutchouc est passé de 40 à… 19 000 ! Mathématiquement, le nombre de bavures a augmenté. Antoine Aubry et Laura Kotelnikoff-Béart ont enquêté sur le combat du jeune Florent Castineira et sur les nombreux bâtons mis dans les roues de la justice pendant quatre ans pour que, finalement, le statut de victime lui soit reconnu, au contraire de la responsabilité du policier qui a tiré la balle perdue. L’enquête est intéressante et documentée, souvent à charge contre l’Etat. Elle a aussi tendance à souvent verser dans le complotisme. Les bonnes raisons sont nombreuses, toutefois, quand on voit la lenteur de la justice et la mauvaise volonté de l’Etat à reconnaître ses erreurs. Le dessin d’Aurel, simple et facile à lire, sert le propos de manière efficace. Il en a l’habitude, lui qui a déjà de nombreux albums politiques à son actif. L’ensemble est riche, intéressant et dérangeant, à la fois pour les questions légitimes qu’il pose et les réponses parfois simplistes qu’il propose, en opposant le gentil jeune homme blessé au méchant système aveugle au mieux, manipulateur et corrompu au pire.