L'histoire :
Après des années de campagnes électorales interminables, Charles Charles vient enfin de remporter l’élection présidentielle américaine à 50,1% des voix, face à son concurrent Robert Robert. Il lui rend honneur lors du discours officiel (alors qu’il le conspue dans l’intimité) et cite Gandhi devant les journalistes : « Avec de grands pouvoirs viennent de grandes responsabilités » (mais ça serait-y pas de Spider-man, ça, plutôt ?). La baisse dans les sondages est immédiate : -15 points. En effet, le peuple n’aime pas les hommes de pouvoir. Puis vient déjà l’heure de recevoir la première délégation étrangère, en la personne du premier ministre de Ploucosie, un pays qui n’a pas de ressources mais qui… n’a pas d’idées non plus. Jadis, la Ploucosie était certes leader dans la porcelaine, mais ils ont tout perdu lors d’un grand tremblement de terre. Ensemble, ils évoquent deux sujets de discutions majeurs. Et d’une : redorer l’économie de Ploucosie en utilisant des billets de Monopoly (et en nationalisant, avant, les usines qui les impriment !). Et de deux : repousser les assauts terroristes des barbârs, avec une stratégie qui déchire grave : la stratégie du « céçuikidikié ». Et le premier qui trouve ça totalement con, céçuikidikié…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Vous l’aurez compris à la lecture du résumé : Charles Charles est une satire humoristique sur la politique-people à l’occidentale, telle que les médias nous la font actuellement percevoir. Ce nouveau président est américain, mais il pourrait tout aussi bien être français. Etre à la tête de l’Etat le plus puissant offre juste un plus large fossé entre son pouvoir réel et son incompétence abyssale. Car pétri de mauvaises initiatives et inspiré des pires répliques, Charles Charles mène ici sa politique intérieure et extérieure comme le dernier des fumistes. Au scénario, Marc Dubuisson rythme l’exercice en 23 « épisodes » de deux planches, traitant chacun d’un aspect cohérent du quotidien d’un chef d’état : une visite officielle, une marée noire, la condition de la femme, la TVA, le premier ministre, les jeunes, la première dame, les amis toxiques, le dir’com… Chacun de ces épisodes se découpe strictement de 7 strips horizontaux de 3 ou 4 cases, avec un ressort humoristique flagrant et souvent inspiré en bout de ligne, mais sans sortir du contexte. Quelques gags font même l’effet d’une pertinence percutante, au regard des compromis pervers imposés par les rouages démocratiques ou la géopolitique actuelle. Dignes d’illustrer des ouvrages d’études à Science-Po ! L’auteur ne se prive pas non plus de moult clins d’œil à des situations existantes ou ayant existé (la ministre et l’ami toxique, la coupe de cheveux du syndicaliste, les financements occulte du parti…). Le dessin de James, traditionnel de son style zoomorphique, quoique plus spontané que d’habitude, campe donc toujours les mêmes trombines de piafs en costards et en milieu institutionnel. Il se situe donc dans la même veine humoristique et le même principe de strips courts que Dans mon open space et Amour passion et CX diesel. Notons que l’auteur se rode en parallèle depuis plusieurs mois à un autre exercice de satire politique, à travers son blog jeveuxtravaillerpourlecanard (aux côtés de Guillaume Bouzard), appliqué à la proche actualité française…